Dans une lettre ouverte parue le 18 mars, l’Association Patronale des CPE Montréal-Laval (APCPE) dénonce l’inaction du ministère de la Famille afin d’offrir de meilleures conditions de travail ainsi que des ressources adéquates dans les centres de la petite enfance.
Manque de personnel
Le premier besoin urgent pour de nombreux CPE est celui d’avoir accès à un niveau de main-d’œuvre suffisant pour assurer la qualité des soins offerts aux enfants.
Lilia Lemire-Bertrand, membre de l’APCPE et directrice générale du Centre de la Petite Enfance Génies en herbes, situé à Laval dans le quartier Chomedey, estime que la situation est urgente. En plus d’agir à titre de cadre administratif, elle doit aussi se rendre sur le terrain, afin de pallier au manque d’éducatrices actuel.
«J’ai appris la veille, tard en fin de soirée que je devais remplacer une éducatrice le lendemain matin, ça arrive souvent. Les listes de rappel sont vides, les services de remplacement à l’externe sont vides et le matin c’est moi qui doit entrer travailler. Souvent les gens disent :«il y a les éducatrices d’un côté et les cadres administratifs de l’autre», mais en réalité on travaille tous ensemble pour la même raison, pour aider les parents et pour le développement de leurs enfants, mais on a un besoin criant en ce moment.»
La présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ), Valérie Grenon, partage aussi cet avis. Les CPE de partout à travers la province manquent de personnel, en précisant que de moins en moins d’étudiants et étudiantes du domaine viennent prêter main-forte une fois leur diplôme d’études collégiales obtenu.
«Que ce soit à Laval, Montréal, Montérégie et même dans des régions plus éloignées, la grande difficulté qu’on a, c’est le manque de main-d’œuvre, de soutenir Valérie Grenon. Il y a de moins en moins d’éducatrices qui sortent avec leur DEC au cégep et c’est très difficile de leur donner des congés lorsqu’elles sont malades. Certains CPE sont dans l’obligation de rompre des services pendant quelques jours. Des parents reçoivent des lettres leur disant qu’ils ne pourront pas recevoir leur enfant parce qu’il n’y a pas assez d’éducatrices.»
Obtenir plus de places
Les places disponibles en CPE constituent elles aussi un enjeu primordial au sein de ces négociations entre la FIPEQ-CSQ et le ministère de la Famille.
Dans le rapport du vérificateur général 2020-21, obtenu par la CSQ, on dénonce le non-respect des objectifs du Ministère en ce qui concerne la création de places en CPE. En février 2020, on estime que la proportion de places en CPE à Laval était de 19% à ce moment.
«Il nous manque de places pour les parents dans toutes les régions [ils] sont plus de 51 000 sur un liste d’attente en CPE ou en milieu familial pour avoir une place pour leurs enfants.», précise toujours la Présidente de la FIPEQ.
Demandes primordiales
Au sein d’un document obtenu par la FIPEQ et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), concernant les négociations en cours, trois demandes sont mises de l’avant.
Les intervenantes souhaitent d’abord obtenir un meilleur salaire, plus précisément une augmentation de plus de 3,50$ de l’heure, répartie sur trois ans, dont 2$ de l’heure qui serait distribués lors de la troisième année.
«Le ministre de la Famille cherche à amener des étudiants (dans les CPE), mais on ne sait pas s’ils vont rester, avec un DEC, affirme Valérie Grenon. C’est l’une des formations les moins bien payées au Québec. Il va falloir trouver des solutions à ce niveau-là.»
Afin d’alléger la tâche des intervenantes, la CSQ souhaite aussi obtenir plus de soutien pour les intervenantes, voulant notamment que chaque centre de la petite enfance soit muni d’un poste de soutien aux intervenantes ainsi que d’un poste de préposée.
Des subventions sont aussi réclamées au gouvernement. Celles-ci permettraient d’offrir aux enfants plus de ressources comme l’achat de matériel et l’embauche de spécialistes, notamment pour les enfants avec des besoins particuliers.
Toutefois, toujours selon Valérie Grenon, les CPE ne sont pas arrivés au bout de leurs peines, puisqu’une entente ne semble pas possible de sitôt entre les deux partis.
«On va être réaliste, on ne s’attend pas à une entente d’ici cet été, parce qu’on n’a pas reçu le dépôt patronal, affirme-t-elle. Il reste beaucoup de choses à négocier […] les congés, les vacances et les sommes supplémentaires pour les enfants ayant des besoins particuliers. Il reste encore beaucoup de travail à faire, mais on arrive à s’entendre sur certaines choses. Si on sent une volonté du ministre de la Famille de trouver une solution, on est prêt à régler ça rapidement.