Pour le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la solution à la pénurie de main-d’œuvre qui fait rage depuis la sortie de crise sanitaire doit passer par l’immigration économique.
Président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn est formel: le manque de travailleurs disponibles est «l’enjeu numéro un des employeurs en 2022 et probablement pour les prochaines années».
Les derniers relevés de Statistique Canada tendent à lui donner raison. En juin, on chiffrait à plus d’un quart de million les postes vacants au Québec, un sommet. Plus précisément, on estimait à 271 200 les postes à pourvoir, lesquels étaient inoccupés depuis une période minimale de trois mois. Résultat: des milliards de dollars se perdent en contrats refusés et projet d’investissement reportés.
Hausser les seuils
Au printemps dernier, le CPQ dévoilait son Livre blanc sur l’immigration: Portrait et solutions.
De ses 18 propositions, la toute première vise à hausser les seuils d’immigration à 80 000 personnes minimalement par année, voire tendre vers les 100 000 personnes immigrantes admises pour chacune des quatre années à venir.
Cette demande s’appuie sur les projections d’Emploi-Québec, qui prévoit que le marché du travail devra pourvoir plus de 1,4 million d’emplois d’ici 2026 pour compenser les départs à la retraite et la croissance économique.
Toujours selon Emploi-Québec, la main-d’œuvre locale pourra combler 78 % de ces postes, laissant ainsi plus de 300 000 postes vacants.
Intégration
Quant à l’argumentaire du premier ministre François Legault à l’effet que la capacité maximale d’intégration est de 50 000 nouveaux arrivants par année, M. Blackbun y voit «un faux débat».
«La meilleur façon de les intégrer, c’est via le travail et tous ceux, maintenant,qui entrent ici via l’immigration économique ont déjà un emploi en poche, un contrat de travail», expliquait le patron du CPQ lors d’entretien téléphonique à l’occasion du dévoilement du Livre blanc sur l’immigration.
Il ajoutait que «de prétendre que la francisation est le problème à l’immigration économique, c’est faux car 80 % des immigrants économiques qui arrivent ici parlent déjà le français».
Sondages
En mai dernier, 86 % des Québécois se disaient conscients des enjeux liés à la pénurie de la main-d’œuvre et 70 % étaient favorables à ce que le gouvernement recourt à l’immigration pour pallier le problème, selon un sondage réalisé par la firme Léger pour le compte du Conseil du patronat du Québec.
Toutefois, dans le même intervalle, un coup de sonde effectué par la même firme de sondages à la demande, cette fois, de la Coalition avenir Québec (CAQ) révélait tout le contraire, à savoir que deux Québécois sur trois s’affichaient contre le rehaussement des seuils d’immigration au-delà de 50 000 par année.
Pas que les employeurs
Outre le frein aux investissements et les pertes de contrats faute de personnel, le Conseil du patronat cite le déménagement de certaines activités à l’extérieur de la province comme conséquence possible en contexte de pénurie de main-d’œuvre.
Mais il n’y a pas que les employeurs qui s’en trouvent affectés, les citoyens aussi, soutenaient M. Blackburn en faisant valoir les impacts importants sur la qualité, le prix et la disponibilité de nombreux biens et services.
«Il nous apparaît évident qu’il faut augmenter les seuils d’immigration pour garantir le futur du Québec parce que nos besoins en éducation, en santé et dans tout autre domaine n’iront qu’en grandissant», terminait le président et chef de la direction du CPQ.