Neuf mois après l’ouverture des soumissions pour la préparation de l’avant-projet définitif et plans et devis du parachèvement de l’autoroute 19, le ministère des Transports du Québec (MTQ) poursuit toujours les négociations avec le plus bas des soumissionnaires.
À la fermeture de l’appel d’offres public le 17 septembre 2018, trois consortiums étaient en lice pour cet important contrat de services professionnels lié à la conception de ce projet autoroutier évalué à plusieurs centaines de millions de dollars.
Il s’agit des consortiums formés de CIMA+ – Parsons, Stantec – SNC-Lavalin et WSP – EXP, ayant tous une place d’affaires à Laval.
Outre CIMA+ dont le siège social voisine avec l’hôtel de ville sur le boulevard du Souvenir, à Chomedey, la firme d’ingénierie albertaine Stantec loge dans les anciens quartiers généraux de la défunte Dessau, acquise en 2014, au 1200, boulevard Saint-Martin, alors que WSP (connue sous le nom de Genivar jusqu’à la fin 2013) exploite un bureau d’affaires dans l’immeuble du 2525, boulevard Daniel-Johnson.
Il faudra toutefois attendre la conclusion d’une entente pour connaître l’identité du consortium retenu ainsi que la valeur du contrat, indique Sophie Paquet, conseillère en communication pour les projets stratégiques au MTQ.
Par ailleurs, le concepteur désigné devra également assurer un service d’accompagnement lors de la surveillance des travaux.
Délai normal
Selon toute vraisemblance, le problème de configuration des voies réservées soulevé par le ministre responsable de Laval, Éric Girard, auprès de la députation libérale régionale lors d’une rencontre tenue en mai ne serait pas un enjeu majeur dans les présentes négociations.
Quant au délai, il n’y a rien d’anormal, assure la porte-parole, tout en précisant que les étapes prévues selon la Directive sur la gestion des projets majeurs d’infrastructure publique suivent leur cours.
«Il peut s’écouler plusieurs mois entre l’ouverture des soumissions et la signature d’une entente», explique Mme Paquet, rappelant qu’un mandat de cette envergure nécessite «plusieurs vérifications et procédures administratives».
Avis partagé
Même son de cloche du côté de Danielle Pilette, professeure associée à l’UQÀM et spécialiste en gestion municipale et métropolitaine. «Je ne pense pas que pour l’instant, il y ait lieu de s’inquiéter», mentionne celle qui s’attend à une annonce au cours de l’été.
Elle rappelle que la fermeture des soumissions l’automne dernier a coïncidé avec un changement de gouvernement et tout ce que cela peut provoquer en termes de réaffectation de hauts fonctionnaires et sous-ministres.
Également, elle n’exclut pas le fait que le prix des soumissions puisse être plus élevé que ce que le Ministère avait estimé au départ, ce qui pourrait justifier la négociation d’une contre-proposition. «On le sait, la situation de manque de concurrence actuellement est préjudiciable aux finances publiques. Il y a une telle consolidation au niveau des entreprises que le système n’est pas si concurrentiel qu’on pourrait l’espérer dans un marché libre.»
Étapes à venir
Une fois le contrat adjugé, il faudra prévoir une période pouvant aller jusqu’à 36 mois pour concevoir ce nouveau tronçon autoroutier de 10 kilomètres avec, entre autres, 4 échangeurs et un nouveau pont enjambant la rivière des Mille Îles.
Par la suite, le dossier d’affaires sera déposé au Conseil des ministres aux fins d’approbation. C’est à ce moment que le projet devrait s’inscrire en phase réalisation dans le grand Plan québécois des infrastructures (PQI), étape ultime menant à l’appel d’offres final en vue d’une éventuelle mise en chantier.
Travaux de forage
Mais d’ici-là, les travaux préparatoires se poursuivent sur le terrain.
C’est ainsi que le MTQ octroyait le 6 mai à GHD Consultants, une firme de génie-conseil de Montréal, un contrat de 2,4 M$ relatif aux relevés géotechniques et à la caractérisation des sols dans la partie projetée du parachèvement autoroutier. L’année dernière, on avait procédé au même exercice sur le tracé existant de la route 335.
Une priorité
Au cabinet ministériel des Transports, où on a décliné nos demandes répétées d’entrevue auprès du ministre François Bonnardel, on se limite à dire que «le projet de parachèvement de l’autoroute 19 est un engagement de notre gouvernement et le mener à terme est une priorité».
Quant au critique de l’opposition officielle en matière de Transports, le député libéral Gaétan Barrette, il n’a pas donné suite à nos appels.
Rappelons qu’au mois de mai, en l’absence du ministre Bonnardel, le ministre fédéral de l’Infrastructure, François-Philippe Champagne, avait fait l’annonce d’une contribution de 260 M$ pour le parachèvement de la 19. Convenu avec le MTQ l’année précédente, ce montant provient du programme Nouveau Fonds Chantiers Canada.