Mis à jour le 30 juillet 2025 à 15h56
La Banque du Canada a annoncé, le 30 juillet, qu’elle maintenait le taux cible du financement à un jour à 2,75%.
Le taux officiel d’escompte demeure plutôt à 3%, tandis que le taux de rémunération des dépôts pointe à 2,70%.
L’instance gouvernementale précise que, bien que certains éléments de la politique de commerce extérieur des États-Unis aient commencé à se concrétiser au cours des dernières semaines, les négociations sont en constante évolution, les menaces de nouveaux droits de douane sectoriels persistent et les mesures commerciales américaines restent imprévisibles.
Dans ce contexte, le Rapport sur la politique monétaire de juillet ne présente ainsi pas les projections de référence habituelles pour la croissance du PIB et l’inflation au Canada et dans le monde. Il fournit plutôt un scénario de maintien des droits de douane basé sur les droits en place ou convenus au 27 juillet, ainsi que deux autres scénarios – un scénario d’escalade et un scénario de désescalade des droits de douane.
À l’échelle mondiale
Même si les droits de douane américains ont entraîné une volatilité du commerce à l’échelle internationale, l’économie mondiale a été raisonnablement résiliente.
Aux États-Unis, le rythme de la croissance s’est modéré durant la première moitié de 2025, mais le marché du travail est demeuré solide. L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) a légèrement augmenté en juin aux États-Unis, et certains signes indiquent que les droits de douane commencent à être répercutés sur ces prix.
L’économie de la zone euro a modestement progressé dans la première moitié de l’année.
En Chine, la baisse des exportations vers les États-Unis a été en grande partie compensée par une hausse des exportations vers le reste du monde.
Les cours mondiaux du pétrole sont quant à eux près des niveaux d’avril, malgré une certaine volatilité.
Les marchés boursiers mondiaux ont monté et les écarts de taux sur les obligations de sociétés se sont rétrécis. Les rendements des obligations d’État à long terme se sont accrus. Le dollar canadien s’est apprécié par rapport au dollar américain, qui s’est généralement affaibli.
Dans le scénario de maintien des droits de douane, la croissance mondiale ralentit modestement et avoisine 2,5% à la fin de 2025, avant de retourner autour de 3% en 2026 et 2027.
Au Canada
Ici, les droits de douane américains perturbent le commerce, mais dans l’ensemble, l’économie montre une certaine résilience jusqu’à présent. La Banque s’attend à ce que le PIB, qui avait affiché une robuste croissance au premier trimestre de 2025 à cause des exportations devancées en anticipation de l’entrée en vigueur des droits de douane, ait baissé d’environ 1,5% au deuxième trimestre.
Cette contraction s’explique surtout par le ralentissement marqué des exportations qui a suivi le devancement, mais aussi par la baisse de la demande américaine pour les biens canadiens en raison des droits de douane.
La croissance des dépenses des entreprises et des ménages est également freinée par l’incertitude.
Il y a eu un affaiblissement des conditions du marché du travail dans les secteurs touchés par le commerce extérieur, mais l’emploi s’est maintenu dans le reste de l’économie. Le taux de chômage a plutôt augmenté graduellement depuis le début de l’année pour atteindre 6,9% en juin, et la croissance des salaires a continué de se modérer.
Pris dans leur ensemble, les indicateurs portent à croire que l’offre excédentaire dans l’économie s’est accrue depuis janvier.
Dans le scénario de maintien des droits de douane, la croissance du PIB remonterait après s’être contractée au deuxième trimestre et atteindrait environ 1% durant la seconde moitié de l’année, sous l’effet des exportations qui se stabilisent et des dépenses des ménages qui augmentent graduellement. Dans ce scénario, des capacités excédentaires persistent au sein de l’économie en 2026, puis diminuent à mesure que la croissance augmente pour s’établir près de 2% en 2027.
Dans le scénario de désescalade, la croissance économique rebondit plus rapidement, alors que dans le scénario d’escalade, l’économie se contracte jusqu’à la fin de cette année.
Inflation
L’inflation mesurée par l’IPC était de 1,9% en juin, en légère hausse par rapport au mois précédent. Abstraction faite des taxes, l’inflation a progressé pour atteindre 2,5% en juin, alors qu’elle était d’environ 2% durant la seconde moitié de 2024. Cette progression témoigne en grande partie d’une hausse des prix des biens non énergétiques.
La forte augmentation des frais de logement demeure le facteur qui contribue le plus à l’inflation globale, mais elle continue de ralentir. Selon divers indicateurs, la Banque évalue que l’inflation sous-jacente est autour de 2,5%.
Dans le scénario de maintien des droits de douane, l’inflation globale resterait près de 2% durant la période visée, les pressions à la hausse et à la baisse sur l’inflation se contrebalançant plus ou moins. Des risques entourent toutefois ce scénario d’inflation.
Comme les deux autres scénarios l’illustrent, des droits de douane moins élevés atténueraient les pressions à la hausse directes sur l’inflation et des droits de douane plus élevés intensifieraient ces pressions.
De plus, de nombreuses entreprises indiquent qu’elles doivent assumer des coûts pour trouver d’autres fournisseurs et se tailler une place sur de nouveaux marchés. Ces coûts pourraient venir ajouter aux pressions à la hausse sur les prix à la consommation.
Statut quo
Dans ce contexte où l’incertitude reste élevée, où l’économie canadienne montre une certaine résilience et où des pressions sur l’inflation sous-jacente subsistent, le Conseil de direction a ainsi décidé de laisser le taux directeur inchangé.
Celui-ci continuera d’analyser l’évolution et la force des pressions sur l’inflation – celles à la baisse dues à l’affaiblissement de l’économie et celles à la hausse découlant de la montée des coûts attribuable aux droits de douane et à la réorganisation du commerce.
Si l’affaiblissement de l’économie fesait peser des pressions à la baisse supplémentaires sur l’inflation et que les pressions à la hausse sur les prix dues aux perturbations commerciales étaient contenues, une réduction du taux directeur pourrait être nécessaire.
Le Conseil procèdera avec prudence, en portant une attention particulière aux risques et aux incertitudes auxquels l’économie canadienne est confrontée, notamment : dans quelle mesure les droits de douane américains plus élevés font baisser la demande pour les exportations canadiennes; à quel point cela a une incidence sur les investissements des entreprises, l’emploi et les dépenses des ménages; avec quelle ampleur et à quelle vitesse les hausses de coûts découlant des droits de douane et des perturbations commerciales sont répercutées sur les prix à la consommation; et comment évoluent les attentes d’inflation.
La prochaine date d’établissement du taux cible du financement à un jour aura lieu le 17 septembre 2025. (N.P.)
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