En septembre, une première cartographie des bâtiments publics contenant de l’amiante a été révélée et plus d’une centaine se trouvent dans la région, la très grande majorité étant associés au Centre de services scolaire de Laval (CSSL) ou au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval.
Des 115 bâtiments gérés par le CSSL, 104 contiennent de l’amiante. Cela représente 90% de son parc immobilier.
Environ 85% des écoles primaires et 93% des écoles secondaires (toutes sont au registre, exceptée l’école de la Croisée, inaugurée à la rentrée scolaire 2023-2024) du secteur sont concernées par cet enjeu.
Encore plus inquiétant, la presque totalité de ces établissements scolaires sont affectés au niveau des murs, plafonds et planchers, selon la cartographie de l’Association pour les victimes de l’amiante du Québec (AVAQ).
Au niveau du CISSS de Laval, 17 (50%) de ses établissements contiennent de l’amiante, selon les données de l’AVAQ. Cela comprend des centres d’hébergement, hôpitaux, CLSC, bureaux administratifs foyers de groupe.
Les structures précises où se trouve l’amiante dans les établissements de santé lavallois ne sont pas précisées, mais la documentation acquise via une demande d’accès à l’information indique «100%» ou «80%».
En plus des bâtiments associés à ces deux organisations, l’hôtel de Ville, situé au 1, place du Souvenir, toujours en travaux après plus de 4 ans, ainsi que quelques édifices à bureaux gouvernementaux font également partie des bâtiments publics contenant de l’amiante à Laval.
Risques
Si les matériaux comprenant de l’amiante sont en bon état, les fibres ne peuvent se retrouver dans l’air et poser problème aux occupant.e.s.
Toutefois, si les bâtiments touchés ne sont pas entretenus régulièrement de façon préventive… cela met les personnes qui le fréquentent en danger.
En effet, les fibres d’amiante peuvent se déposer dans les poumons et provoquer des maladies respiratoires chez ceux qui en respirent.
Le mésothéliome, ou cancer de l’enveloppe du poumon, est une maladie particulièrement préoccupante dont l’une des seules causes connues est l’amiante. En cas d’exposition, les travailleurs ne contractent pas nécessairement la maladie, mais, cela demeure une possibilité qui ne serait confirmée que des dizaines d’années plus tard.
«On parle d’une centaine de cas par année chez une population de huit millions de personnes, donc on comprend que c’est quand même très rare, signale Norman King, conseiller scientifique pour l’AVAQ. C’est très grave, mais très facile à prévenir. C’est la beauté de la chose. D’ici 40 ans, si nos moyens de prévention fonctionnent comme il faut, il n’y aura plus de maladie causée par l’amiante. C’est ça le but.»
En 2022, 124 travailleurs sont décédés d’une exposition à l’amiante et 65 d’entre eux avaient contracté le mésothéliome.
Prévention
Le Code de sécurité pour les travaux de construction renferme plusieurs indications à suivre lors de tout chantier où s’effectuent des travaux susceptibles d’émettre de la poussière d’amiante.
Ceux-ci y sont classés par taux de risque et les mesures de sécurité à prendre sont précisées pour chacun.
Dans les travaux à risque faible, on retrouve «le perçage d’un article visé [dans un article contenant de l’amiante dans un état non friable] avec des outils manuels ou à moteur équipés d’un système d’aspiration muni d’un filtre à haute efficacité qui recouvre entièrement la zone de travail». Cette même procédure, mais effectuée sans le système d’aspiration, se trouve plutôt dans la zone des travaux à risque élevé.
Comme les murs d’une centaine d’écoles lavalloises contiennent de l’amiante, les enseignant.e.s qui feraient un trou dans un mur de leur classe pour accrocher, par exemple, des fiches éducatives, sans l’équipement adéquat et appareil de protection respiratoire, seraient en danger.
Est-ce que les travailleurs des secteurs de l’éducation et de la santé de la région sont bien informés de la situation et des risques qu’elle sous-entend?
Réalité
«L’employeur devrait avoir son registre des bâtiments contenant de l’amiante, affirme Cindy L’Heureux, responsable des communications à la direction de la prévention-inspection Rive-Nord pour la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST). Il est de sa responsabilité d’établir le niveau de risque, de déterminer la méthode de travail et de fournir les équipements de protection individuels aux travailleurs, s’il y a lieu.»
«Les équipes dans nos établissements sont sensibilisées à l’importance de demeurer prudent et vigilant sur la question de l’amiante, confirme Annie Goyette, directrice adjointe du bureau des communications du CSSL. Elles peuvent se référer aux experts de notre Service des ressources matérielles pour valider toutes actions à poser ou procédures règlementées en présence d’amiante.»
Ces experts ont d’ailleurs la charge de tenir le registre d’amiante à jour et d’effectuer les inspections réglementaires afin d’assurer le bon état des matériaux contenant de l’amiante au sein des bâtiments. La plus récente inspection du CSSL a été réalisée au printemps 2024 dans l’ensemble des établissements touchés.
Rappelons que le CSSL a pris la décision de reporter la rentrée scolaire des étudiant.e.s de l’école Horizon Jeunesse il y a quelques semaines, en raison de la présence d’amiante.
«L’employeur a la responsabilité et le devoir d’éliminer de l’environnement les risques pour la santé des travailleuses et des travailleurs […], déclare Nathalie Bourque, présidente du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CISSS de Laval-CSN. L’amiante est un de ces risques où l’employeur doit avoir à l’œil constamment ses infrastructures, évaluer l’exposition, […] sécuriser la zone et procéder aux travaux par des gens qualifiés, ce qu’il a fait tout récemment à l’hôpital, par exemple. Malheureusement, l’employeur n’est pas diligent dans le fait d’informer les travailleurs du risque associé au milieu qu’ils fréquentent, et ce, dans tous les établissements touchés.»
«Le CISSS de Laval se conforme aux exigences de la CNESST en lien avec la présence d’amiante dans ses installations, répond Marie-Eve Despatie-Gagnon, conseillère en communication pour le CISSS. Il n’existe aucun risque pour les usagers et travailleurs en lien avec l’amiante. Un registre d’amiante est disponible sur l’Intranet de l’organisation et une formation est offerte aux employés des services techniques afin de les outiller à intervenir dans ces situations.»
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