Plus des deux tiers de la superficie que totalisent les sept terrains de golf à Laval échapperont au développement urbain, assure le maire Stéphane Boyer.
En clair, 342 des 500 hectares actuellement voués à la pratique du golf seront toujours protégés, et ce, indépendamment de la volonté des propriétaires occupants ou futurs acquéreurs.
«La protection des grands espaces verts en milieu urbain est essentielle pour agir contre les changements climatiques et répondre aux besoins des Lavalloises et des Lavallois», affirme M. Boyer par voie de communiqué.
Conscient des inquiétudes que suscite l’avenir de ces vastes terrains tant convoités par les promoteurs immobiliers, le maire Boyer a tenu à faire cette importante mise au point, devançant ainsi le dépôt de la version finale du nouveau Code de l’urbanisme (CDU) prévu à l’été.
En entrevue au Courrier Laval, il ne manque pas de rappeler que depuis déjà un an, cette préoccupation est soulevée à chaque période de questions citoyennes aux assemblées municipales et que les élus sont régulièrement interpellés à cet effet.
Trois golfs entièrement protégés
Les terrains des Clubs de golf Saint-François, UFO et Sainte-Rose ne seront jamais développés, apprend-on.
Les deux premiers sont situés en pleine zone agricole, alors que le 3e est zoné «parc».
«L’annonce d’aujourd’hui est une bonne nouvelle puisqu’elle permet de confirmer notre intention de protéger intégralement le golf Sainte-Rose», fait valoir le cabinet du maire dans un échange de courriels. D’autant que «plusieurs promoteurs ont déposé des demandes de projet et nous demandent d’y autoriser un zonage», précise-t-on.
Ces trois terrains totalisent près de la moitié des 500 hectares à vocation golf sur le territoire, soit précisément 230 hectares équivalant à plus de 160 terrains de soccer.
À l’inverse, le Centre de golf Val-des-Arbres, dont les 14 hectares se trouvent en zone industrielle, pourrait être complètement développé.
Trois autres protégés à 50 %
Dans l’ouest de l’île où le zonage diffère, les Clubs de golf Le Cardinal, Islemere et Laval-sur-le-Lac seront visés par de nouvelles dispositions que l’administration Boyer enchâssera dans le Code de l’urbanisme (CDU) à venir.
Conformément à l’engagement électoral du Mouvement lavallois – Équipe Stéphane Boyer l’automne dernier, tout projet de redéveloppement sur ces terrains à vocation récréotouristique devra ainsi préserver au moins 50 % de la superficie en parc urbain.
L’automne dernier, le Courrier Laval révélait que le Club de golf Islemere était à vendre pour 80 M$, alors qu’à l’hiver débutait la mise en chantier d’un projet résidentiel sur le site du Club de golf Le Cardinal. À terme, l’ancien parcours à normale 3 et le défunt champ de pratique accueilleront quelque 700 habitations. Rappelons que le promoteur-développeur dispose d’une option d’achat sur le parcours 18 trous régulier du golf Le Cardinal.
À coût nul
En plus d’assurer un zonage «parc» pour la moitié des clubs de l’ouest, le CDU contraindra tout éventuel promoteur à déposer un plan d’aménagement d’ensemble [PAE], lequel sera soumis à l’approbation référendaire de sorte que le projet passe le test de l’acceptabilité sociale.
«C’est une excellente nouvelle, car présentement beaucoup de Villes sur la rive-sud et la rive-nord sont aux prises avec des golfs qui se redéveloppent et n’ont pas les moyens financiers ou les outils réglementaires pour les protéger», explique Stéphane Boyer, précisant que le tout s’effectuera à coût nul pour les Lavallois.
La refonte réglementaire fera en sorte que si ces trois clubs de golf venaient un jour à disparaître, 128 des 256 hectares d’espaces verts qu’ils occupent leur survivraient
Pétition en ligne
Le jour même de cette annonce, le député de Jonquière et porte-parole du Parti Québécois en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, Sylvain Gaudreault, était de passage à Laval pour inviter la population à signer une pétition sur le site de l’Assemblée nationale afin d’interdire aux Municipalités d’accepter toute demande de changement d’affectation, de zonage et tout développement résidentiel, commercial ou industriel sur les terrains de golf.
Lors de son point de presse tenu à l’entrée du Club de golf Le Cardinal, dans Sainte-Dorothée, le parlementaire était accompagné d’une dizaine d’organismes citoyens et groupes environnementaux, dont la Coalition des terrains de golf en transition (CTGT), la coalition Mobilisations citoyennes environnementales de Laval, le Comité des citoyens de Laval-Ouest (CCLO) et le Regroupement de citoyens Parc Sentiers des Bois.
«Ici, on assiste à une importante mobilisation citoyenne en faveur de la conversion du terrain en parc. Dans toutes les régions, d’ailleurs, les gens souhaitent qu’on crée et qu’on maintienne davantage d’espaces verts de proximité, car ils tiennent à garder contact avec la nature; donnons-leur ce qu’ils demandent!», a-t-il déclaré.
Initiateur de la pétition et co-porte-parole du Regroupement de citoyens Parc Sentiers des Bois et de la CTGT, le Lavallois Jonathan Tremblay a fait valoir que «la transformation de ces espaces en parcs urbains est plus que nécessaire pour assurer une meilleure qualité de vie à la population et pour protéger nos écosystèmes».
En ligne jusqu’au 29 mai, la pétition demande également au gouvernement Legault de réformer rapidement la Loi sur l’expropriation, ce qui permettrait aux municipalités d’acheter ces terrains à leur juste valeur marchande pour les transformer en parc.
À lire également: Pour la conversion d’anciens golfs en parcs-nature