«Ça nous amène à requestionner la pertinence de ce projet à Laval», déclare Pierre Lavigueur, directeur à la planification et au développement à la Société de transport de Laval.
Scénario de 300 M$
Selon les experts de SNC-Lavalin, qui en ont fait l’analyse, la mise en service de 39 trolleybus sur un réseau de 42 km (21 km aller-retour), desservant les boulevards des Laurentides et de la Concorde, nécessiterait un investissement de l’ordre de 300 M$. En retour, les bénéfices ne se chiffreraient qu’à 200 M$. Cette balance négative constitue un «obstacle majeur» concède le directeur général de la STL, Pierre Giard.
Contraintes
L’obstacle majeur au trolleybus, c’est que ce réseau ne représente qu’une solution bien partielle au défi que pose l’électrification complète du réseau de transport en commun lavallois. «Le potentiel de remplacement de notre flotte d’autobus n’est de l’ordre que de 15 %», mentionne le DG de la STL. Une autre contrainte importante est le coût d’implantation : «Trois cents millions, ce n’est pas rien», dit-il, sans compter l’impact visuel des fils aériens qui découle de ce réseau d’autobus électrique avec caténaire. Rappelons qu’au départ, la STL avait identifié les boulevards des Laurentides, de la Concorde, Notre-Dame et Curé-Labelle comme les quatre grands corridors à être desservis par le trolleybus. Si ces quatre grands axes qualifient toujours pour ce type d’implantation, l’étude de faisabilité menée par la firme de génie-conseil SNC-Lavalin s’est limitée aux deux corridors affichant la plus forte densité de population, à savoir les boulevards des Laurentides, de la rivière des Mille-Îles jusqu’à la station de métro Cartier, et de la Concorde, du pont Pie-IX jusqu’à la station de métro Montmorency. Si la STL décidait d’aller de l’avant avec son projet de trolleybus, les boulevards Notre-Dame et Curé-Labelle, jugés à fort potentiel à plus long terme, seraient électrifiés dans une seconde phase, précise Pierre Lavigueur.
Les coûts et les gains
Revenons-en à l’étude de coût.
La mise en place de toute l’infrastructure électrique, le coût d’acquisition des terrains et des véhicules de même que la construction des garages, terminus et stationnements incitatifs représenteraient les principaux postes de dépenses liés à l’implantation d’un trolleybus sur un réseau de 42 kilomètres.
Du côté des avantages qu’en retirerait la STL, les gains les plus appréciables proviendraient du transfert modal qu’amènerait un temps de déplacement réduit pour la clientèle. «Le réseau de trolleybus fonctionnerait en voie réservée avec des mesures préférentielles aux feux de circulation», précise M. Lavigueur, signalant un délai d’attente de quatre à huit minutes entre chaque passage.
En termes d’avantages, on a aussi pris en compte la réduction des accidents et chiffré les gains environnementaux dus à la baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Retombées économiques
Toujours selon l’étude, la mise en place de ce projet de transport en commun entraînerait des retombées économiques de l’ordre de 720 M$.
Sur une période de 32 ans, on établit la hausse des valeurs foncières à 5,8 milliards, dont plus de la moitié découlerait de la revitalisation des quartiers aux abords du réseau.
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