Le directeur général des élections du Québec, Pierre Reid, constate avec déception une baisse de six points du taux de participation aux élections municipales du 7 novembre, lequel est passé sous la barre de 40 %.
À l’échelle de la province, les électeurs inscrits sur les listes électorales ont exercé leur droit de vote dans une proportion de 38,7 %.
À Laval, le taux de participation est 10 points en deçà de la moyenne provinciale, soit 28,3 %. En clair, 7 électeurs lavallois sur 10 n’ont pas voté.
«Notre société doit continuer à s’interroger sur les moyens à prendre pour intéresser les électrices et les électeurs », a déclaré le 12 novembre M. Reid par voie de communiqué. J’entends poursuivre l’étude des facteurs qui influencent la participation électorale ainsi que miser sur l’éducation à la démocratie et sur l’information pour stimuler l’intérêt de la population».
Cela dit, il a tenu à saluer et remercier toutes les personnes qui ont exercé leur devoir de citoyen. «Vous contribuez à la vitalité de notre démocratie et votre participation ne passe pas inaperçue!»
Comprendre la participation électorale
Élections Québec poursuit ses efforts pour comprendre les divers facteurs qui influencent la participation électorale aux élections municipales. Au cours des prochains jours, l’institution sondera la population québécoise afin de déterminer les facteurs qui influencent l’exercice du vote et de comprendre pourquoi une importante proportion d’électrices et d’électeurs ne votent pas.
Un tel coup de sonde avait été effectué à la suite des élections de 2017, en partenariat avec la Chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval. Cette dernière a d’ailleurs consacré un cahier de recherche à l’analyse des données de ce sondage.
Cette initiative s’inscrit dans une démarche plus large d’Élections Québec, amorcée à la suite des élections provinciales de 2008, pour mieux documenter et comprendre la participation électorale au Québec.
Actions concrètes
Élections Québec met en œuvre, en collaboration avec différents partenaires, une diversité d’initiatives afin de faire rayonner la culture démocratique chez les jeunes.
Elle propose plusieurs programmes éducatifs, dont certains sont offerts spécialement lors d’élections, comme le programme Électeurs en herbe. À l’occasion des dernières élections municipales, plus de 27 500 jeunes ont participé à une simulation électorale dans leur école ou dans un organisme jeunesse; ils ont pu vivre une expérience concrète de démocratie en votant pour l’une des personnes candidates à la mairie de leur municipalité. Les résultats de ces simulations sont en disponibles ligne.
De plus, Élections Québec a invité les parents à accompagner leur enfant au petit bureau de vote virtuel, où ils pouvaient expérimenter toutes les étapes du processus de vote de manière simple et ludique. À la question Selon toi, quelle est la qualité la plus importante d’une mairesse ou d’un maire?, les enfants ont majoritairement répondu L’ouverture d’esprit : cette personne doit être à l’écoute des gens et de leurs idées. Les résultats du petit bureau de vote sont accessibles sur le site www.electionsmunicipales.quebec.
«La question de la participation électorale ne concerne pas juste les nouvelles générations, bien sûr, mais l’écart entre les générations est bien réel : les jeunes d’aujourd’hui votent moins que les jeunes des générations précédentes. Par ailleurs, nous observons que les enfants peuvent être des agents de changement pour leurs parents, ce qui nous semble porteur», mentionne le directeur général des élections.
M. Reid souhaite également que l’éducation à la citoyenneté démocratique soit intégrée au parcours scolaire des jeunes, du début de leur parcours primaire à la fin de leurs études secondaires. Il considère que le milieu scolaire est idéal pour former les élèves du Québec de façon équitable et universelle.
L’information, un facteur déterminant
Le manque d’information sur les enjeux municipaux et sur les personnes candidates est l’une des raisons les plus fréquemment invoquées par les personnes qui s’abstiennent de voter. Lors d’un sondage réalisé à la suite des élections de 2017, plusieurs électeurs avaient la perception que la politique municipale et le fonctionnement du conseil municipal sont complexes. Plus de la moitié des répondants jugeaient que leur niveau de connaissance des responsabilités des municipalités était plutôt faible.
À la lumière de ces constats, Élections Québec a fait connaître plusieurs responsabilités des conseils municipaux dans sa campagne de sensibilisation diffusée à l’occasion des élections de 2021. Elle a aussi mis en ligne le site www.electionsmunicipales.quebec afin d’offrir à l’ensemble des électrices et des électeurs une information vulgarisée et uniforme. Elle y a centralisé l’information sur les candidatures et les résultats.
Divers acteurs ont un rôle essentiel à jouer en matière d’information : la participation électorale est une responsabilité partagée et les initiatives en la matière doivent être multiples.
Faciliter l’accès au vote
Élections Québec est également motivée par l’objectif de faciliter l’accès au vote. L’expérience du vote postal, vécue dans plusieurs municipalités lors de ces élections, sera notamment analysée en collaboration avec les présidentes et présidents d’élection municipaux.
L’institution s’intéresse aussi au vote par Internet; elle a d’ailleurs déposé une étude à l’Assemblée nationale à ce sujet en juin 2020. Les expériences menées ailleurs au Canada et à travers le monde ne permettent toutefois pas de conclure que l’ajout du vote par Internet a un effet significatif sur la participation électorale, notamment sur celle des jeunes. En général, on observe plutôt un déplacement du vote par correspondance vers le vote en ligne. L’introduction du vote par Internet permettrait néanmoins de rendre le vote plus accessible, tout particulièrement pour les électrices et les électeurs rencontrant des obstacles au vote. Ainsi, Élections Québec poursuivra ses travaux sur cette modalité de vote, qui viseront à cibler les paramètres de premiers essais, en collaboration avec d’autres administrations électorales canadiennes.