«Il n’y a pas une semaine où on ne reçoit pas la visite d’Urgences-santé, exprime Roger Trépanier, qui a grandi dans Sainte-Rose et a longtemps vécu place Bellerive, dans Chomedey. J’ai été étonné par l’ampleur du phénomène des poussettes, chaises roulantes, cannes d’aveugle et de gens qui n’ont qu’un oiseau ou un chat pour compagnie.»
Destin de femme
Dans Jours de grisailles, publié aux Éditions Publibook, l’auteur s’intéresse à la vie de Rosalie. La dame de 90 ans dialogue avec ses 2 chats au milieu de ses plantes.
Quand une mélodie ne lui rappelle pas une anecdote passée, elle sort un album de photos pour ressasser des souvenirs remontant à la surface. La plupart sont tragiques.
Il y a son mari dont le seul aspect positif demeure le jour du mariage. Par la suite, il boira et lui accordera peu d’argent. Rosalie devra rivaliser d’imagination et de complicité avec un vendeur itinérant d’origine juive pour arriver à nourrir et vêtir sa marmaille.
«J’entremêle les confidences reçues et observations de la vie autour de moi avec des éléments biographiques inspirés, entre autres, de ma mère et mon père», spécifie Roger Trépanier, qui s’est remémoré ses années dans Sainte-Rose, rue Macchabée.
Le fils aîné est battu sans arrêt, une des filles se pendra dans le sous-sol, tous vivant dans la peur d’un père qui rejette la valeur de l’éducation. Le dialogue de Rosalie sera interrompu notamment par les apparitions de sa voisine, une juive polonaise un peu plus jeune, qui a connu les atrocités d’un camp de concentration en pleine Seconde Guerre mondiale.
«J’aurais dû faire mieux et plus, pense Rosalie, en revivant les principaux événements de sa vie», ajoute l’écrivain.
Parcours surprenant
Depuis l’âge de 64 ans, Roger Trépanier écrit autre chose que les multiples rapports de criminologue du temps qu’il travaillait dans le milieu carcéral et maisons de transition. Avant et après, il aura été propriétaire d’une entreprise d’informatique, une agence de rencontre, sans oublier ses années de paysagiste.
«À 22 ans, j’avais décidé de devenir écrivain une fois pour toutes, raconte-t-il. Je travaillais avec une chandelle, un crayon et du papier. Les idées arrivaient de partout. Je rallumais toujours la mèche et n’arrivais plus à dormir la nuit. J’ai arrêté avant de devenir fou.»
À 28 ans, il partira sur le pouce et rédigera un journal étoffé de son aventure. Cependant, c’est en 2013 que ce natif de Montréal-Nord publiera Vagabondage d’un buveur solitaire, avant de récidiver l’an passé avec Le troublant secret du blé perdu.
Le premier était un essai où l’auteur exprimait ses réflexions sur la pauvreté et la finance, la vente de terre ancestrale en Afrique et l’évolution des relations entre les hommes et les femmes. Le second, un roman psychologique, plonge le lectorat dans l’histoire d’une fillette de quatre ans kidnappée au Québec et réapparaissant dans pays d’origine à l’âge de 22 ans après avoir été élevée en Suisse.