La première clinique spécialisée publique privée au Québec s’est rapidement imposée, affirme son président Dr Pierre St-Michel. En opération depuis le 1er septembre dernier, cette clinique hybride en chirurgie élective a maintenu au cours de ses six premières semaines d’activité une moyenne de 5 à 10 interventions chirurgicales par jour. «Ça va plus vite qu’on pensait», avoue fièrement celui qui prévoit atteindre le seuil de rentabilité dès le troisième trimestre. C’est en effet rapide pour rentabiliser l’investissement de 3 millions de dollars qu’a nécessité la mise en place d’une infrastructure d’équipements médicaux de quatre blocs opératoires. À titre comparatif, la nouvelle clinique publique privée à Laval abrite le même nombre de salles de chirurgie que le Centre hospitalier Fleury dans le nord de Montréal.
Concept des 4P
À pleine maturité, Opmedic devrait soutenir un rythme de 40 chirurgies par jour, considérant qu’il fonctionne présentement qu’à quelque 20 % de sa capacité maximale.
En entrevue mercredi soir dernier, à l’occasion de l’inauguration officielle de ses locaux au 3e étage d’un immeuble de condo-bureaux de la rue de l’Avenir, Dr St-Michel réitérait sa foi dans ce qu’il appelle les PPPP, un concept tripartite de partenariat public-patient-privé. Loin de menacer l’universalité des soins de santé, les cliniques hybrides font plutôt partie des solutions pour assurer la pérennité du régime public, assure le principal intéressé. «Avec le vieillissement de la population, ça va coûter tantôt une fortune», soutient Dr St-Michel, précisant que les soins en santé représentent déjà plus de 50 % du PIB.
Les 14 médecins spécialistes à pratiquer à ce nouveau centre de santé sont tous affiliés au système public. De fait, dans le cas d’interventions médicales couvertes par le régime d’assurance maladie du Québec, le patient n’a pas à débourser pour l’acte chirurgical, ni pour les visites de consultation, les honoraires professionnels du médecin traitant étant assumés par l’État.
Le prix à payer
Par contre, le patient doit prendre à sa charge tous les frais connexes liés aux analyses sanguines, radiographies, échographies et tomodensitogrammes, médicaments, matériel prothétique, pansements ou aux soins infirmiers spécifiques. C’est le prix à payer pour escamoter les interminables listes d’attente dans le réseau public. «En ophtalmologie, l’attente pour un rendez-vous est de 6 à 12 mois dans le réseau public, alors qu’ici, le patient est vu, évalué et opéré en l’espace de quatre semaines», fait valoir le président et chef de la direction du Groupe Opmedic.
Et la facture ? Pour une chirurgie de la cataracte, par exemple, il en coûte au patient 1 250 $ de l’oeil (lentille en sus).
Outre les chirurgies cornéennes, d’oculoplastie et de la cataracte, le centre Opmedic de Laval fait dans la chirurgie digestive, cutanée, herniaire, urologique, gynécologique, esthétique, du sein, des varices, de la main et du tunnel carpien.
Les avancés technologiques favorisent aujourd’hui la chirurgie élective qui constitue 70 % de toutes les chirurgies pratiquées au pays. «Les patients se font opérer le matin et obtiennent leur congé en soirée», souligne l’homme à la tête de la seule compagnie publique dédiée à la chirurgie d’un jour au Canada. Opmedic projette des revenus annuels oscillant entre 3 et 6 millions de dollars. La direction évaluera au cours des prochains mois la possibilité d’investir dans deux nouveaux blocs opératoires.