«Je suis la sixième génération, indique l’auteure de Sainte-Dorothée. Plus on approche de mon père et grand-père, moins il y a de fiction, bien que le contexte et les événements historiques soient véridiques.»
Pour ce second volet, l’écrivaine débute l’action en 1813 avec Honoré qui aura 15 enfants et 120 petits-enfants. Tout le XIXe siècle québécois défile d’abord sous les yeux du lecteur. Les conflits avec les Anglais culminant dans la rébellion des Patriotes, la misère des Canadiens-français et la grande crise économique de 1929 forçant l’exode de nombreux Québécois vers les États-Unis.
«Je m’intéresse aussi à la situation des femmes qui était loin d’être facile en tant que mères de 15 à 20 enfants, confie Micheline Duff. Il y a aussi l’arrivée de la modernité. Mon père m’a raconté que dans son patelin, à Saint-Eugène-de-Grantham, l’électricité est apparue en 1946. Quand il était jeune, il y avait une seule automobile dans le village, conduite par une jeune femme de 16 ans, la fille du fromager.»
Souvenirs familiaux
Pour nourrir sa matière historique, l’auteure s’est installée de longues heures à la Grande bibliothèque du Québec, à Montréal. Elle y a consulté pas moins de 15 ouvrages pour bien dresser le portrait des différentes époques.
Le reste des anecdotes provient des récits de son père, qui a aujourd’hui 102 ans, et ses propres souvenirs. Ambroise Duff, le grand-père, avait fait venir un piano par train et dont le transport final s’est fait en charrette tirée par des chevaux. «Il est toujours chez ma sœur, mentionne-t-elle. J’ai appris sur cet instrument avant d’enseigner moi-même le piano.»
Durant la grande crise, Ambroise est devenu chef de famille à 16 ans, sa mère étant veuve. C’est lui qui possédera la première entreprise de menuiserie de la famille et installera tout son monde sur le Plateau Mont-Royal.
Durant 45 ans, c’est Onil Duff, le père de l’auteure, qui possédera son commerce de menuiserie. Duff Industrie aura d’ailleurs pignon sur rue boulevard Saint-Elzéar, à Laval, quelques années avant de faire faillite en 1992. Le roman se termine par cet épisode difficile de l’histoire familiale.
«Nous sommes deux sœurs qui ont marié les deux frères et tous ont travaillé dans cette entreprise, aux côtés de mon père et mes frères, se souvient Mme Duff. Avec la concurrence asiatique, nous avons dû fermer les portes. Ç’a été un temps très dur à traverser pour nous.»