L’administration municipale a beau anticiper un déficit d’au moins 60 M$ pour l’année en cours, le maire Marc Demers n’en annonce pas moins son intention de geler le compte de taxes des Lavallois en 2021.
«Nous avons fait preuve d’une gestion prudente et responsable dans les dernières années qui nous permet d’envisager un gel des taxes pour donner un répit aux citoyens lavallois, qui ont été durement touchés en cette période plus difficile», fait-il valoir.
Surplus de 59 M$
Il en veut pour preuve le surplus de 58,9 M$ dégagé lors du dernier exercice financier qui fut marqué d’une performance économique «exceptionnelle».
Cet excédent des revenus sur les dépenses correspond à toutes fins utiles au manque à gagner à éponger en raison de la COVID-19 en 2020.
«Cette somme pourra, selon la volonté du conseil municipal, être utilisée, en tout ou en partie, afin de répondre à ses obligations pour l’année en cours et mettre en place des mesures de relance», indique le maire.
Autres moyens
Concédant qu’il est trop tôt pour s’y engager formellement, Marc Demers se dit toutefois prêt à déployer tous les moyens pour y parvenir, toujours avec l’accord du conseil insiste-t-il. Et ce, quitte à déroger à la Politique sur la gestion des finances publiques afin de pouvoir disposer d’importantes réserves financières et autres fonds dédiés à des projets bien spécifiques tel le service de l’eau, évoque-t-il en entrevue au Courrier Laval.
S’il le faut, il n’exclut pas la possibilité de hausser le ratio d’endettement de la Municipalité, la situation financière avantageuse de Laval dégageant une bonne marge de manœuvre à cet égard.
«Ça se parle dans plusieurs Villes, mentionne-t-il au sujet d’un gel de taxes municipales, mais ce n’est pas toutes les Villes qui pourront le faire car le défi est trop grand financièrement. C’est ce qui meuble mon esprit présentement.»
Le maire ne manque de souligner que les demandes d’assistance auprès des banques alimentaires du territoire ont «presque triplé» au cours des deux derniers mois.
Déficit ventilé
Selon un premier exercice budgétaire réalisé à partir des paramètres connus à ce jour, le déficit découlant de la pandémie serait évalué à au moins 60,4 M$.
Cette somme comprend notamment les frais d’exploitation et la baisse des revenus provenant, entre autres, du ralentissement du marché financier qui affectera grandement les droits de mutation immobilière – communément appelés taxe de bienvenue – applicables lors d’un transfert de propriété.
«Le transport en commun est aussi un enjeu majeur pour l’ensemble des Municipalités», signale le maire Demers. De fait, les 22,4 M$ reliés au déficit estimé de la Société de transport de Laval (STL) au 31 décembre 2020 représente plus du tiers du manque à gagner cette année.
Gros nuages noirs
Cette première estimation de 60 M$ demeure conservatrice, prend soin d’ajouter le premier magistrat.
Par exemple, celle-ci ne tient pas en compte l’aide financière que devra apporter la Ville aux nombreux organismes communautaires du territoire offrant des services jugés essentiels aux gens dans le besoin, les OBNL n’étant toujours pas en mesure d’évaluer la hauteur de leurs pertes. Cela dit, M. Demers n’a pas l’intention de les laisser tomber.
Quant à 2021 et 2022, les perspectives demeurent très incertaines, laissant entrevoir de gros «nuages noirs» poursuit le maire qui craint comme la peste un éventuel effondrement des marchés immobilier et boursier au sortir de cette crise au terme de laquelle plus rien ne sera pareil.
L’impôt foncier est la principale source de revenu des Villes, rappelle-t-il, alors que la capitalisation du régime de retraite des employés de la Ville, déjà déficitaire de quelque 100 M$, demeure tributaire des fluctuations du rendement des placements et des taux d’intérêt sur les marchés, qui ont chuté de 15 % en raison de la COVID-19.