En pleine pénurie de main d’œuvre, les petites et moyennes entreprises doivent revoir leurs pratiques en matière de recrutement et rétention, croit la majorité des spécialistes en ressources humaines, dont Jonathan Caissy, conseiller agréé depuis huit ans et membre de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL).
«Certes, le recrutement demeure un jeu de séduction et de vente basé sur les trois piliers en ressources humaines: attirer, développer et retenir, affirme d’entrée de jeu Jonathan Caissy, un gradué du Collège Laval et diplômé de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal. Or, il ne suffit plus d’afficher un poste et d’attendre les candidatures. Cette époque est révolue.»
Le CRHA de La boutique RH chez Altifica, qui œuvre principalement auprès des PME, insiste d’abord sur l’identification d’ambassadeurs, soit des employés identifiés comme porte-voix des valeurs et de la culture de l’entreprise, ce qui exige une bonne connaissance de son personnel en place, ainsi qu’une utilisation efficace des réseaux sociaux.
«On travaille avec un paquet de générations, précise M. Caissy, qui se désole de voir des onglets « Carrière » si peu développés sur les sites Web de PME. Tu n’abordes pas de la même façon un X, un Z, un baby-boomer ou les milléniaux, qui ont tous des attentes différentes. Il faut plus qu’une adresse courriel ou trois, quatre valeurs improvisées.»
En matière de recrutement, la marque de l’employeur et sa compréhension du marché doivent être claires. Cela passe notamment par le choix d’un seul interlocuteur responsable du recrutement.
Ainsi, avant de sortir à l’externe, un chef de petite entreprise doit valider à l’interne les besoins d’un poste vacant ou nouvellement créé, car ce profil ne correspond peut-être plus à la réalité vécue sur le terrain, ce qui demandera une refonte des critères d’embauche.
«Comme employeur de PME, tes employés restent tes meilleurs ambassadeurs autant dans le recrutement que la rétention de main d’œuvre.»
– Jonathan Caissy, CRHA La boutique RH chez Altifica
Rétention
«Retenir un employé n’est pas sorcier, ça passe essentiellement par l’engagement des gens, la tête, et un attachement affectif, le cœur, soutient Jonathan Caissy. Primo, l’employeur doit être authentique, ne pas s’adonner à des joutes politiques. Une PME a peu de ressources. Chaque action doit être pragmatique. Chaque dollar investi doit avoir des retombées positives, et ce, beaucoup plus que dans une grande organisation. »
PME ou grande entreprise, il devient urgent de changer ses habitudes sans changer son ADN. Sans oublier que la planification de la relève et le transfert des compétences demeurent des enjeux cruciaux aidant à la rétention au sein d’une PME.
Parmi les éléments principaux discutés et retenus lors du Colloque en gestions des ressources humaines de Laval s’étant déroulé fin février au Centre de congrès Palace, M. Caissy rappelle l’importance de sonder ses effectifs; d’oser intégrer des notions de télétravail, d’horaire flexible ou comprimé en quatre jours, de semaines de vacances illimitées; d’offrir des congés mobiles ou journées de maladie.
«Tout ce qui peut être réaliste et applicable dans la nature de nos opérations doit être fait sans attendre, martèle le conseiller en RH. Le statu quo est une mort annoncée. La réussite ou non en affaires provient encore des décideurs d’une entreprise, peu importe le secteur d’activité.»
Finalement, Jonathan Caissy insiste pour dire que de l’aide financière est disponible pour les PME en matière de ressources humaines, principalement via certains programmes de Services Québec.
Le credo RH 2019
(enquête annuelle de Morneau Shepell)
Améliorer l’engagement des employés
Mieux attirer et fidéliser son personnel
Aider l’organisation à mieux s’adapter au changement constant
Améliorer les programmes de formation et perfectionnement
Améliorer la santé mentale des employés