«C’est un texte très loufoque qui est encore tellement actuel, lance d’entrée le comédien Richard Fréchette, qui assure la mise en scène. Ça parle beaucoup de l’opinion publique, qui en devient même un personnage à part entière, dont les Dieux doivent tenir compte pour sauver la face. On peut penser à nos politiciens face aux sondages ou à la grogne populaire.»
«Sur le plan lyrique, nous sommes à l’origine du French cancan, avec des airs célèbres, dont celui du grand galop qu’en entendait encore récemment dans une publicité de la SAQ, mentionne Simon Fournier, directeur artistique et musical de l’OBQ. C’est une œuvre entraînante et rythmée, où chaque mélodie colle au personnage, ce qui a toujours été l’une des grandes forces d’Offenbach.»
Adaptation nécessaire
Pour cette production, Richard Fréchette a désiré tracer plusieurs parallèles avec notre époque, notamment dans notre utilisation des nouvelles technologies (ordinateur, téléphone intelligent).
«Ça m’a sauté aux yeux de voir que nous sommes isolés derrière nos appareils, à s’ennuyer, ayant recours à la technologie pour remplir nos vies», souligne-t-il.
Il sera intéressant de voir évoluer les chanteurs dans ce contexte, entre autres, lors des chorégraphies imaginées par Bernard Bourgault.
Distribution de haut niveau
Dans cette charge comique contre le Second Empire français aux allures de cour des Dieux en déroute morale, Junon et Jupiter forment un couple classique. Lui est un coureur de jupons invétéré qui ne pense qu’à multiplier les conquêtes.
«Elle le surveille de près! s’exclame en riant la comédienne et chanteuse Frédérike Bédard, que l’on a connue dans Pied de poule, Appelez-moi Stéphane, en plus d’avoir travaillé avec Robert Lepage et le chorégraphe Édouard Lock. Junon est un modèle d’épouse qui attend son mari avec le rouleau à pâte. Pour moi, c’est plaisant de revenir au chant classique, ma formation de base.»
Dans le rôle de Jupiter, tous reconnaîtront Charles Prévost Linton, qui a longtemps interprété les hymnes nationaux au Centre Bell lors des parties du Canadien de Montréal.
«Ce sera une expérience assez nouvelle de mon côté, affirme celui qui s’est dirigé vers l’art lyrique après avoir évolué dans la musique populaire, notamment avec le groupe Les Sinners. Je ne suis pas habitué à autant jouer et danser en même temps. Ça va me permettre de me dépasser et de prendre plaisir à ce rôle qui est très drôle.»
Jeune génération
Pour sa part, le chanteur lavallois Étienne Cousineau incarnera Cupidon. «On a donné une allure punk à cet enfant rebelle. C’est pas le Cupidon rose bonbon qu’on a l’habitude de voir. Il veut juste avoir du fun. C’est un complice de Vénus pour mener la révolution dans l’Olympe.»
Marie-Philippe Bois se métamorphosera en déesse de l’amour pour l’occasion. «Ma Vénus est sensuelle, charmeuse et infidèle, comme tout le monde chez les Dieux! dit-elle. J’aurai le défi de me déplacer en chantant, et ce, malgré une importante contrainte physique due à mon costume.»
Si Martin Pilon sera Orphée, Eurydice, un autre personnage central, sera défendue par Véronique Gauthier. «C’est exigeant vocalement et stimulant de chanter un rôle aussi important, observe-t-elle. Eurydice va s’amouracher d’un berger qui est, de fait, le roi des enfers.»
Diane, la chasseresse, complète la galerie de jeunes Dieux et sera interprétée par Geneviève Bournival. «C’est une jeune femme excessive très proche de ses sentiments, note-t-elle. Elle arrive à la fin de l’adolescence.»
L’Opéra Bouffe du Québec présente «Orphée aux enfers», un opéra-bouffon de Jacques Offenbach, dans une mise en scène de Richard Fréchette, direction musicale de Simon Fournier, les 7, 8 et 14 novembre, à 20h, ainsi que les 9,15 et 16 novembre, à 15h, à la Maison des arts de Laval (1395, boulevard de la Concorde Ouest). Information: 514 903-1980. Billets: 450 667-2040.