En 2007, 2008 et 2009, M. Clermont, qui a quitté la vie politique en décembre 2008, a versé pour un total de 3000 $.
Dans les années 2000, sa conjointe Monique a pour sa part libellé 6 chèques de 1000 $, chacun au nom du parti au sein duquel leur fille, Sylvie, avait été élue pour la première fois en 2001.
«Trop loin!»
Le couple Clermont a-t-il été remboursé en argent comptant en retour de ses contributions financières, conformément à la pratique établie au sein de cette formation politique qui n’aura pas survécu à la chute de son chef ?
«Vous leur demanderez, répond Monique Clermont en parlant des instances de la défunte formation. C’est trop loin!»
Son époux, en vacances à l’extérieur du pays, n’était pas joignable.
Quant à Sylvie, elle n’a pas été en mesure de retourner nos appels.
Démission surprise
Évoquant des ennuis de santé, Sylvie Clermont, qui avait accédé six mois plus tôt au comité exécutif de Ville de Laval, a démissionné de son poste de conseillère de Saint-Vincent-de-Paul, le 30 mai 2013.
Ce même jour, l’ex-agent officiel, trésorier et conseiller juridique du PRO des Lavallois, Me Jean Bertrand, larguait une bombe devant la commission Charbonneau, qui allait éclabousser la classe politique et conduire, dès le lendemain, à l’annonce de la mise sous tutelle de Ville de Laval.
Grand argentier du parti depuis près de 30 ans, il avait levé le voile sur un système de blanchiment d’argent auquel s’étaient prêtés tous les élus ayant siégé sous Vaillancourt depuis 1998, à l’exception de trois d’entre eux.
Pour les élus et leurs proches
Le système de prête-noms servait exclusivement à rembourser les contributions versées par les conseillers, leur conjoint(e) et leurs proches.
«Je leur disais que c’était illégal », déclarait alors Me Bertrand pour insister sur l’importance de ne pas «sortir » de ce cercle fermé.
Toujours devant la commission Charbonneau, il a expliqué avoir tenté une première fois en 2005 d’en finir avec ce système de prête-noms, estimant que le jeu n’en valait plus la chandelle. Au sortir de cette année d’élections, le PRO disposait toujours d’un trésor de guerre avoisinant les 700 000 $, rappelait-il.
Une initiative qui aurait souverainement déplu à Gilles Vaillancourt, qui l’aurait enjoint à recommencer à faire du prête-nom. Le stratagème a ainsi repris de plus belle en 2007, 2008 et 2009, alors que la quasi-totalité des élus et leur famille ont contribué de nouveau pour une moyenne annuelle de plus de 50 000 $.
En appui à son témoignage, la Commission d’enquête sur l’industrie de la construction avait déposé un tableau des contributions financières faites par des conseillers de l’Équipe Vaillancourt et certains membres de leur famille.
Sur une période de 14 ans, ces «dons» totalisaient plus d’un demi-million de dollars.
Me Bertrand avait toutefois précisé que les proches des élus figurant sur ce tableau, dont les noms avaient tous été caviardés, n’étaient pas automatiquement des prête-noms.
Fin du système
Me Bertrand, qui fait face à six chefs d’accusation dans le méga-procès impliquant Gilles Vaillancourt et ses 35 présumés complices, avait indiqué à la commission Charbonneau que le système de prête-noms avait beaucoup ralenti à partir de 2010, alors qu’il n’en restait «presque rien» en 2011.
De fait, entre 2008 et 2010, les proches des élus sont cinq fois moins nombreux à contribuer au parti PRO des Lavallois. Leur nombre passe de 36 à 7. En 2011, ils ne sont plus que 2!
Pendant ce temps, les conseillers municipaux, eux, continuaient à agir allègrement comme prête-noms. Ils étaient 20 en 2008, puis au nombre de 19 en 2010 et 2011.
1981
Maurice Clermont est élu pour la première fois au conseil municipal sous la bannière de l’Équipe Lucien Paiement dans le district Saint-Vincent-de-Paul.
1985
Il devient chef de l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville de Laval, poste laissé vacant à la suite du départ de Gilles Vaillancourt qui a rejoint les rangs du parti au pouvoir, le PRO des Lavallois.
2001
Il fait ses adieux à la politique municipale, après avoir servi pendant 20 ans dans les banquettes de l’opposition. Cette année-là, sa fille Sylvie lui succède dans Saint-Vincent-de-Paul, alors qu’elle est élue sous la bannière du PRO des Lavallois.
2003
Maurice Clermont fait le saut en politique provinciale. Il est élu sous les couleurs du Parti libéral de Jean Charest. Il sera réélu en 2007 avant de laisser sa place à Francine Charbonneau lors des élections du 8 décembre 2008.