Spin-off d’un projet pilote mené ces dernières années, Symbiose Laval – Vision zéro déchet est un projet qui ne manque pas d’ambition, affirme le président du conseil de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval (CCIL), Michel Rousseau.
Ce programme, qui se décline en quatre grands volets distincts, repose d’abord et avant tout sur une fine connaissance de l’écosystème industriel lavallois en termes de volume des matières premières (intrants) et matières résiduelles (extrants) en vue d’éventuels maillages interentreprises. Le principe derrière l’économie circulaire étant de valoriser les déchets d’une usine pour en faire la matière première d’une autre entreprise.
Comptabilité de flux de matières
Un des volets du programme consiste à évaluer le coût réel de la gestion des matières résiduelles en entreprise, explique M. Rousseau, précisant que cette dépense est souvent minimiser par les gestionnaires. «Ça peut aller jusqu’à 10 fois ce qu’il en coûte pour en disposer vers les sites d’enfouissement.»
Cette analyse sert souvent d’argument béton pour convaincre un entrepreneur du bien-fondé de l’économie circulaire qui, en plus de réduire son empreinte écologique et ses coûts d’exploitation, lui procure une nouvelle source de revenu en vendant ses extrants plutôt que de les enfouir.
À cet égard, la Chambre de commerce et d’industrie accompagne les entreprises dans la transformation de leurs déchets en ressources valorisables.
Ateliers de maillage
Pour trouver un acheteur, ces entreprises sont jumelées avec des repreneurs intéressés par leur gisement lors d’ateliers de maillage.
Ces rencontres donnent parfois lieu à des jumelages improbables.
Conférencier au Sommet d’Évolution Laval, la semaine dernière, un ex-dirigeant d’Interface, un fabricant de tapis américain, témoignait d’un maillage inusité avec l’industrie de la pêche. Les énormes filets de pêche commerciaux que les ports «ne pouvaient pas brûler ni enfouir» ont trouvé preneur chez Interface grâce à «une entente avec un fournisseur qui avait la technologie pour transformer en fibre le nylon des filets», soulignait Claude Ouimet, aujourd’hui à la retraite.
«L’entreprise a trouvé un moyen d’intégrer cette matière recyclable dans leur chaîne de production plutôt que d’acheter du nylon de matières vierges. Un bel exemple d’une transformation d’un déchet qui autrement se serait retrouvé dans un site d’enfouissement», fait valoir Jean-Sébastien Trudel, conseiller en entreprise pour la CCIL en matière de pratiques d’affaires écoresponsables et de technologies propres.
«Les ateliers de maillage permettent de mettre en contact des industries qui ne se seraient jamais parlées autrement et de faire en sorte que les déchets de l’un deviennent les ressources de l’autre», résume-t-il.
Écoconception et matières orphelines
La démarche de Symbiose Laval – Vision zéro déchet revêt également un volet lié à l’écoconception pour les entreprises qui souhaiteraient repenser leur chaîne de production afin d’éliminer en amont les ressources non récupérables qu’elles génèrent en bout de piste, mentionne M. Trudel.
La gestion de ces matières dites orphelines retient l’attention de la quatrième et dernière étape du programme.
«Pour ces matières qui ne trouvent pas de repreneurs, on travaille conjointement avec des institutions comme le Collège Montmorency pour trouver une façon de les récupérer», précise M. Trudel.
Et quand ce n’est pas possible, il y a toujours moyen de revoir la conception des procédés dans le respect des principes du développement durable, fait valoir M. Rousseau.