Jusqu’au 24 février, plus de 1400 organismes communautaires participeront à diverses mobilisations prévues aux quatre coins du Québec afin de signaler l’urgence de mettre fin au sous-financement dans ce secteur d’activités.
À Laval, la mobilisation aura lieu le mardi 22 février. Les organismes lavallois organiseront des rassemblements devant les bureaux des députés de la région, dont le plus important est prévu à 11h devant ceux du député caquiste Christopher Skeete, à Sainte-Rose.
«Les équipes sont essoufflées, affirme Marc Longchamps, directeur général de la Corporation de développement communautaire de Laval. La pression est forte sur la direction et les équipes de travail qui doivent répondre aux besoins.»
Il estime que l’argent investi dans les organismes «va directement à la population», car l’argent obtenu permet de retenir des employés qui offrent des services destinés à celle-ci.
Montants importants
Les organismes québécois ont émis 3 demandes précises au gouvernement provincial: un rehaussement de 460 M$ du financement accordé, l’application de la Politique de Reconnaissance de l’Action Communautaire dans tous les paliers gouvernementaux, ainsi qu’un réinvestissement majeur dans les services publics et programmes sociaux.
À Laval, ce sont 96 organismes qui ont un manque à gagner de 27,5 M$ pour répondre aux besoins de la population. Le Centre de prévention et d’intervention pour les victimes d’agressions sexuelles (CPIVAS) fait partie de ceux-ci.
«Si on allait chercher environ 225 000 $, on réussirait à financer suffisamment d’intervenantes pour l’intervention et la prévention, assure Monique Villeneuve, directrice générale de l’organisme. Avec cela, nous aurions toujours une petite liste d’attente, mais elle serait gérable avec six mois d’attente.»
Présentement, l’attente est plutôt estimée à deux ans. La pandémie de la COVID-19 n’a d’ailleurs pas aidé cet organisme qui a vu sa liste d’attente augmenter de 50 % en un an.
«La violence s’est accrue durant la pandémie, poursuit Mme Villeneuve. Elle a été exacerbé par le stress, les tensions et l’insécurité. […] On n’a jamais autant entendu parlé de violence conjugale. Les gens brisent de plus en plus le silence – et c’est parfait –, mais ça augmente les gens qui font appel à nos services.»
Pour le moment, le CPIVAS travaille avec des partenaires auxquels il réfère de la clientèle pour éviter une attente de plusieurs mois sans service.
Pénurie
Comme dans plusieurs secteurs d’activités, la main-d’œuvre se fait rare dans le milieu communautaire. Le sous-financement n’aide également pas la cause des organismes lavallois qui ne peuvent garantir des emplois à long terme.
«On a touché des montants pour la pandémie, mais ce sont des sommes non récurrentes, ajoute Monique Villeneuve. Tu peux faire des choses avec ce montant, mais tu ne peux pas penser à embaucher une ressource longtemps. Si on offre un contrat d’un an, la personne va être tentée de chercher ailleurs. On devra ensuite la remplacer avec de l’argent pour seulement six mois de salaire.»
Le long terme est ainsi le nerf de cette campagne nationale.
«Avec l’arrivée de la CAQ [Coalition avenir Québec], il y avait eu deux ans d’investissements historiques pour un sous-financement chronique, se permet d’imager Marc Longchamps. Ça avait quand même donné une bouffée d’air, mais ç’a été arrêté. […] Si on finance adéquatement le réseau, celui-ci va être solide pour répondre à sa mission, mais aussi pour répondre aux coups qui peuvent arriver comme la pandémie.»
Le directeur général de la CDC, qui devait rencontrer le député Skeete en marge des mobilisations du 22 février, espère que «le message montera dans l’échiquier gouvernemental» et que le premier ministre François Legault sera «sensible à l’importance de reconnaître et soutenir le réseau communautaire».
Dans la province
Notons que ces activités de mobilisation culmineront en un rassemblement majeur devant l’Assemblée nationale lors de la dernière journée de grève.
«Les organismes communautaires sont souvent le dernier recours des personnes dans le besoin qui tombent dans les mailles de notre filet social, estime Caroline Toupin, coordonnatrice du Réseau québécois de l’action communautaire autonome, par voie de communiqué. Nous ne pouvons accepter d’abandonner ceux qui ont besoin de nous pour une question de financement.»