De nombreux reportages sur les implants mammaires et un avis de Santé Canada ont fait réagir les femmes porteuses de prothèses, désormais inquiètes de l’origine de ces dispositifs médicaux qui ont été au cœur d’une controverse depuis de nombreuses années.
«La maladie des implants mammaires» ne fait pas consensus auprès de la communauté scientifique. Bien que l’Association des spécialistes en chirurgie plastique et esthétique du Québec reconnaisse que le lymphome anaplasique à grandes cellules est un cancer causé par les implants, elle ne croît pas que d’autres maladies soient liées.
Dr Lu-Jean Feng, reconnue comme la pionnière aux États-Unis dans la recherche sur l’intégrité des implants mammaires, affirme que l’augmentation mammaire est très populaire à travers le monde et permet aux chirurgiens plastiques d’empocher d’importants revenus.
«J’ai été l’une des premières à effectuer des explantations dans les années 90. Quand j’ai essayé de démontrer à mes collègues les conséquences néfastes des implants sur les patientes, ils ont méprisé mon travail en affirmant que les résultats de mes recherches étaient erronés. Cependant, mon étude la plus récente, qui sortira dans quelques mois, devrait convaincre la communauté médicale du sérieux de la maladie des implants mammaires.»
Historique
Au début des années 1990, les implants mammaires en gel de silicone provoquaient déjà des ennuis de santé chez les femmes.
En 1991, l’émission Découverte de Radio-Canada dénonçait la problématique. À l’époque, les fabricants des prothèses ne soumettaient pas leur produit à une procédure de suivi clinique.
C’est que la loi restreignant davantage la mise en marché des prothèses n’a été adoptée qu’en 1970. Ainsi, les premières compagnies ayant commercialisé des implants avant cette date ont eu un droit acquis sur leurs nouveaux produits pendant des années.
Après de nombreuses plaintes déposées en Amérique du Nord, les compagnies Bristol-Myers-Squib et Down Corning ont dû payer une contribution aux femmes dont la santé a été affectée par leurs implants.
Bristol-Myers-Squibb a créé un fonds de 28 M$ pour les Québécoises et Ontariennes. À son tour, Down Corning a déboursé une compensation de 2,35 milliards à 300 000 femmes nord-américaines.
«Leurs implants ont été retirés du marché quant de nombreuses plaignantes qui l’ont remporté devant la justice, affirme le biologiste et chimiste Pierre Blais. Cependant, en 2006, Santé Canada a approuvé le retour des implants en silicone. Les nouveaux implants sont semblables à ceux qui ont été bannis dans les années 1990.»
Selon Pierre Blais, expert dans l’analyse des implants mammaires, la communauté médicale a peur d’admettre qu’elle s’est trompée et que les implants sont dangereux pour la santé.
Les implants aujourd’hui
Les implants mammaires Biocell, développés par le fabricant Allergan, ont aussi perdu l’homologation de Santé Canada en 2019.
À ce jour, Santé Canada étudie les symptômes associés aux implants mammaires dans le cadre d’un examen de l’innocuité, indique par courriel André Gagnon, relationniste de Santé Canada.
L’organisme paragouvernemental ajoute que l’étude tient compte autant des cas signalés par les patientes que des études menées par les fabricants et des renseignements fournis par les associations et sociétés de spécialistes médicaux.
En janvier 2020, Santé Canada rapportait à Radio-Canada 106 cas en attente de confirmation d’un lymphome anaplasique à grandes cellules associés aux implants mammaires, dont 2 décès chez des Canadiennes.
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