«Le but ultime de la poursuite au civil était d’avoir des excuses publiques de la GRC et je ne les ai jamais eues!» a martelé à plusieurs reprises Nichan Manoukian, qui demandait 3,325 M$ en dommages.
Les accusations, une première au Canada, ont eu des répercussions sur la réputation des Manoukian font-ils valoir et toutes ces années plus tard, les plaies sont encore très vives. «Je la traitais comme ma propre fille, comme un membre de ma famille, raconte Nichan Manoukian à propos de cette jeune Éthiopienne que la famille avait engagée en 1998 au Liban. Où on allait, elle venait aussi.»
«On a été choqués des accusations, on ne comprenait pas, ajoute sa fille Arvine. Ça été très dur de voir mon père qui n’allait pas bien, sa santé nous inquiétait (il a subi un pontage). Il a travaillé là-dessus pendant des années, on ne parlait que de ça.»
Arvine est d’ailleurs restée avec une image en tête, qui la bouleverse encore aujourd’hui. «J’étais avec mes parents quand ils ont fait prendre leurs empreintes et la photo avec le numéro. Je voyais les cellules et je ne peux pas vous dire quels sentiments d’horreur j’ai eus. Je pleurais en voyant ça et sans les fausses accusations, je n’aurais jamais eu cette image dans ma tête.»
Lettre à Justin Trudeau
Nichan Manoukian a envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau, pour lui faire part de ses sentiments et dénoncer la lenteur des tribunaux canadiens.
Dans cette correspondance, on peut lire que les Manoukian ont quitté le Liban «à cause de la corruption et de la collusion afin de s’établir au Canada, qui selon nous était le pays de la liberté, la dignité et de la justice». M. Manoukian fait remarquer que les centaines de milliers de dollars accordés en compensation serviront «majoritairement à couvrir les dépenses engagés tout au long des 12 dernières années».
Le Lavallois déplore finalement dans sa lettre que la présumée victime «a abusé des lois canadiennes, mais n’a eu aucune punition, au contraire, elle a bâti son avenir tout en gâchant le nôtre». Il ajoute qu’il avait dépensé 30 000 $ dans les démarches pour l’obtention de la citoyenneté canadienne de la jeune femme, que l’épouse de M. Manoukian a rencontré des années plus tard, par hasard, dans un magasin. «Elle a voulu aller lui parler, mais elle s’est tournée la tête. Elle était avec ses trois enfants.»
Reprendre sa vie
Interrogé sur l’avenir et la reprise d’une vie plus «normale» maintenant que la juge France Dulude a tranché, Nichan Manoukian est sans mot, ne sachant visiblement pas comment reconnecter son ancienne existence à celle d’après les procédures judiciaires. «On espère pouvoir le faire», révèle sa fille, les yeux rivés sur son père.
Nichan Manoukian n’a pas l’intention de porter le jugement en appel, mais il espère que ce sera le cas pour la GRC, afin de continuer à dénoncer «la corruption». «Ce sont des gens qui n’ont pas de cœur ni de pitié!»
«Bâclée et incomplète»
Dans le jugement de 74 pages rendu par la Cour supérieure, la juge France Dulude fait un retour complet sur cette histoire qui a débuté le 25 janvier 2006, par l’exécution d’un mandat de perquisition dans la demeure de la famille Manoukian. On soupçonnait alors que l’aide domestique était victime de traite de personne.
Le 16 mai 2007, des accusations sont portées par le Directeur des poursuites criminelles et pénales et deux jours plus tard, la GRC «tient une conférence de presse fortement médiatisée […]», peut-on lire.
Avant même l’enquête préliminaire, les accusations seront retirées le 6 décembre de la même année. Le Tribunal qualifie l’enquête de «bâclée et incomplète» et écrit que le «compte-rendu remis au DPCP est incomplet et trompeur».
Senait Tafesse Manaye avait 19 ans lorsqu’elle a été embauchée par les Manoukian, en 1998, relate le document juridique. Elle a suivi la famille en 2004 lorsque celle-ci s’installe au Canada. Des démarches seront alors entreprises pour régulariser son statut.
De l’information reçue par la gendarme Marie Suzie Raymond, de la GRC, concernant une femme travaillant dans des conditions «anormales» mènera à l’opération policière.
Impacts
Le jugement fait valoir le stress et les impacts que ces accusations ont eu sur la santé de la famille: «Selon les experts, M. Manoukian a développé une symptomatologie anxio-dépressive», «il est définitivement obsédé par sa cause» et «est devenu un père absent.» Son épouse, Manoudshag Saryboyanjian, a aussi développé une symptomatologie anxieuse.
Le Tribunal fait valoir que «rien n’indique que la GRC était motivée par le désir spécifique de nuire aux Manoukian et la preuve ne révèle pas une intention malicieuse arrêtée et calculée», mais remarque que la PGC, le sergent Jacques Morin et les gendarmes Marie Suzie Raymond et Magdalena Turpin «ont commis une faute».
Le Courrier Laval a communiqué avec la GRC pour obtenir sa réaction, mais le porte-parole, Eric Gasse, a indiqué que le corps policier «ne répond jamais à des jugements rendus par la cour, donc nous n’avons aucun commentaire».
«Le but ultime de la poursuite au civil était d’avoir des excuses publiques de la GRC et je ne les ai jamais eues!» a martelé à plusieurs reprises Nichan Manoukian, qui demandait 3,325 M$ en dommages.
Les accusations, une première au Canada, ont eu des répercussions sur la réputation des Manoukian font-ils valoir et toutes ces années plus tard, les plaies sont encore très vives. «Je la traitais comme ma propre fille, comme un membre de ma famille, raconte Nichan Manoukian à propos de cette jeune Éthiopienne que la famille avait engagée en 1998 au Liban. Où on allait, elle venait aussi.»
«On a été choqués des accusations, on ne comprenait pas, ajoute sa fille Arvine. Ça été très dur de voir mon père qui n’allait pas bien, sa santé nous inquiétait (il a subi un pontage). Il a travaillé là-dessus pendant des années, on ne parlait que de ça.»
Arvine est d’ailleurs restée avec une image en tête, qui la bouleverse encore aujourd’hui. «J’étais avec mes parents quand ils ont fait prendre leurs empreintes et la photo avec le numéro. Je voyais les cellules et je ne peux pas vous dire quels sentiments d’horreur j’ai eus. Je pleurais en voyant ça et sans les fausses accusations, je n’aurais jamais eu cette image dans ma tête.»
Lettre à Justin Trudeau
Nichan Manoukian a envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau, pour lui faire part de ses sentiments et dénoncer la lenteur des tribunaux canadiens.
Dans cette correspondance, on peut lire que les Manoukian ont quitté le Liban «à cause de la corruption et de la collusion afin de s’établir au Canada, qui selon nous était le pays de la liberté, la dignité et de la justice». M. Manoukian fait remarquer que les centaines de milliers de dollars accordés en compensation serviront «majoritairement à couvrir les dépenses engagés tout au long des 12 dernières années».
Le Lavallois déplore finalement dans sa lettre que la présumée victime «a abusé des lois canadiennes, mais n’a eu aucune punition, au contraire, elle a bâti son avenir tout en gâchant le nôtre». Il ajoute qu’il avait dépensé 30 000 $ dans les démarches pour l’obtention de la citoyenneté canadienne de la jeune femme, que l’épouse de M. Manoukian a rencontré des années plus tard, par hasard, dans un magasin. «Elle a voulu aller lui parler, mais elle s’est tournée la tête. Elle était avec ses trois enfants.»
Reprendre sa vie
Interrogé sur l’avenir et la reprise d’une vie plus «normale» maintenant que la juge France Dulude a tranché, Nichan Manoukian est sans mot, ne sachant visiblement pas comment reconnecter son ancienne existence à celle d’après les procédures judiciaires. «On espère pouvoir le faire», révèle sa fille, les yeux rivés sur son père.
Nichan Manoukian n’a pas l’intention de porter le jugement en appel, mais il espère que ce sera le cas pour la GRC, afin de continuer à dénoncer «la corruption». «Ce sont des gens qui n’ont pas de cœur ni de pitié!»
«Bâclée et incomplète»
Dans le jugement de 74 pages rendu par la Cour supérieure, la juge France Dulude fait un retour complet sur cette histoire qui a débuté le 25 janvier 2006, par l’exécution d’un mandat de perquisition dans la demeure de la famille Manoukian. On soupçonnait alors que l’aide domestique était victime de traite de personne.
Le 16 mai 2007, des accusations sont portées par le Directeur des poursuites criminelles et pénales et deux jours plus tard, la GRC «tient une conférence de presse fortement médiatisée […]», peut-on lire.
Avant même l’enquête préliminaire, les accusations seront retirées le 6 décembre de la même année. Le Tribunal qualifie l’enquête de «bâclée et incomplète» et écrit que le «compte-rendu remis au DPCP est incomplet et trompeur».
Senait Tafesse Manaye avait 19 ans lorsqu’elle a été embauchée par les Manoukian, en 1998, relate le document juridique. Elle a suivi la famille en 2004 lorsque celle-ci s’installe au Canada. Des démarches seront alors entreprises pour régulariser son statut.
De l’information reçue par la gendarme Marie Suzie Raymond, de la GRC, concernant une femme travaillant dans des conditions «anormales» mènera à l’opération policière.
Impacts
Le jugement fait valoir le stress et les impacts que ces accusations ont eu sur la santé de la famille: «Selon les experts, M. Manoukian a développé une symptomatologie anxio-dépressive», «il est définitivement obsédé par sa cause» et «est devenu un père absent.» Son épouse, Manoudshag Saryboyanjian, a aussi développé une symptomatologie anxieuse.
Le Tribunal fait valoir que «rien n’indique que la GRC était motivée par le désir spécifique de nuire aux Manoukian et la preuve ne révèle pas une intention malicieuse arrêtée et calculée», mais remarque que la PGC, le sergent Jacques Morin et les gendarmes Marie Suzie Raymond et Magdalena Turpin «ont commis une faute».
Le Courrier Laval a communiqué avec la GRC pour obtenir sa réaction, mais le porte-parole, Eric Gasse, a indiqué que le corps policier «ne répond jamais à des jugements rendus par la cour, donc nous n’avons aucun commentaire».