On n’avait pas vu pareil tollé depuis l’implantation, en 2017, des mesures d’apaisement de la circulation dont les fameuses bordures de trottoir peintes bleues et blanches dans les zones voisinant avec les parcs et les écoles.
La mise aux normes des infrastructures urbaines a suscité l’indignation chez la quasi-totalité des résidents des rues actuellement ciblées par l’opération. Ils dénoncent avoir été mis devant le fait accompli sans jamais avoir été ni consultés ni informés.
«Les consultations citoyennes ont été réalisées en amont des divers documents produits par la Ville», se défend l’administration municipale. Elle cite la Vision stratégique — Laval 2035: urbaine de nature (2015), le Schéma d’aménagement et de développement révisé de la Ville de Laval (2017), le guide de conception Gabarits de rue (2017) et le Plan directeur du réseau piétonnier (2019).
Une majorité favorable
La Municipalité minimise l’écrasante contestation citoyenne soulevée par la reconfiguration de l’avenue Webb (97 %) et des rues David (96 %), Ridgewood (93 %) et Korman (76 %). Ces pétitions déposées ce mois-ci à l’hôtel de ville ne reflèteraient pas la réalité à l’échelle de la ville, laisse entendre la porte-parole, Anne-Marie Braconnier.
«Les réactions sont variées à cette implantation, dit-elle en évoquant les trottoirs de 1,8 mètre de large. Certaines personnes ont manifesté leur mécontentement lorsque des cases de stationnement sont retirées, mais d’autres qui souhaitent des pistes cyclables et plus de confort sur rue pour la mobilité active sont très satisfaits».
Mme Braconnier ajoute: «Les orientations de la Ville sont basées sur de précédentes consultations citoyennes. Nous pouvons donc présumer que la majorité est en faveur d’encourager la mobilité active, d’améliorer le confort dans la rue, notamment pour les enfants.»
Pas contre le principe, mais…
Résignés, les propriétaires de la rue David, à Duvernay, doutent encore de la pertinence d’aménager un aussi large trottoir en face de leur résidence.
«On n’est pas contre le principe, concède l’un d’eux en parlant de cette infrastructure favorisant la mobilité active. Ça se défend, mais a-t-on besoin d’un trottoir de six pieds sur un bout de rue résidentielle?»
Dans un courriel adressé au bureau du maire Marc Demers, il écrit: «Ce bout de trottoir isolé dans le quartier pourrait devenir une image forte dans les prochains mois sur la façon dont les élus de Laval dépensent les taxes des citoyens.»
À la Ville, on justifie ainsi l’implantation de ce trottoir qui vise «à faciliter et encourager le déplacement à pied des résidents du secteur. Vers le Nord, il sera connecté au sentier menant directement devant l’école primaire des Ormeaux et le parc, offrant un parcours à pied plus sécuritaire, à l’écart de la circulation automobile […] Vers le Sud, cet axe permet aux résidents de l’ensemble du quartier d’accéder plus directement au pôle de quartier commercial du boulevard de la Concorde où de nombreux services de proximité sont offerts.»
Quant à l’engagement des autorités municipales d’entretenir ces nouveaux trottoirs 12 mois par année, les citoyens font preuve de scepticisme.
«Ils ont de la misère à déneiger celui du boulevard de la Concorde, pas sûr que notre petit trottoir sera une priorité, fait remarquer un des voisins désirant que l’on taise son nom. «La moitié du temps, je marche dans la rue parce que le trottoir entre la bibliothèque [Germaine-Guèvremont] et le centre d’achats Duvernay n’est pas déneigé».
Axe de mobilité nord-sud
Par ailleurs, Mme Braconnier fait valoir que «ce trottoir ne desservira pas uniquement les résidents de la rue David, mais aussi ceux de la rue de Rideau, de Bayonne, Sérigny, Dollard, d’Artois et même Tracy».
Elle poursuit: «Il s’agit d’un axe de mobilité active nord-sud plus central et convivial, alternatif à Champlain et de Callières, des rues plus achalandées. À court terme, il est prévu de consolider le réseau de trottoirs dans le quartier comme illustré au plan directeur. Des aménagements sont effectivement prévus notamment sur la rue Dollard dans un horizon rapproché pour faciliter l’accès à l’école.»
Réseau piétonnier
Adopté en 2019, le plan directeur du réseau piétonnier priorise les accès vers les écoles, les parcs, les centres de santé de même que les pôles de quartier et d’emploi, afin de «rendre les quartiers plus vivants et sécuritaires».
Pour les trois premières années, le Plan directeur visaient 55 km de trottoirs, dont plus de la moitié (33 km) a été réalisée l’an dernier. Cette année, 34 km sont planifiés, précise Mme Braconnier. «Nous avons dépassé l’objectif initialement fixé en fonction des opportunités en faisant l’usage d’aménagements plus diversifiés qu’uniquement des trottoirs (pistes ou bandes polyvalentes pour piétons et cyclistes). D’ici 2040, le Plan vise à réaliser plus de 525 km de nouveaux aménagements pour piétons.»
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