Dernière mise à jour: 8 avril 12h50
Quelques heures après avoir reporté à 2021 la Finale provinciale des Jeux du Québec qu’elle devait accueillir en août, l’administration Demers a autorisé un montant de 662 256 $ «pour la production de la Fête nationale du Québec au Centre de la nature, le 24 juin».
Vivement débattue pendant une vingtaine de minutes, hier soir, lors d’une assemblée du conseil municipal exceptionnellement tenue en visioconférence, pandémie oblige, la résolution a été adoptée dans la division.
L’entente de service liant la Ville à l’organisme [co]motion, programmateur délégué à l’organisation de la fête nationale à Laval, est assortie d’une clause de résiliation en cas de force majeure, a indiqué d’emblée le maire Marc Demers, précisant que la réflexion se poursuit quant à la suite des choses.
Penser autrement
En cette période de distanciation sociale, on est à regarder et évaluer d’autres façons de célébrer cette fête traditionnellement marquée par des rassemblements monstres dans la vallée du Centre de la nature.
«On peux-tu faire quelque chose sur les réseaux sociaux en direct ?, a lancé aux conseillers de l’opposition Sandra Desmeules, membre du comité exécutif, citant au passage de nombreux artistes qui animent le Web depuis le décret de l’état d’urgence sanitaire. La question va être étudiée.»
La crise de la COVID-19 offre une belle opportunité de penser autrement, a-t-elle enchaîné avant d’ajouter: «Quand la vie nous offre des citrons, on fait de la limonade».
Ses collègues Stéphane Boyer et Ray Khalil ont pour leur part fait valoir l’importance de soutenir l’organisme partenaire qui a engagé des frais dans l’aventure tout en insistant sur le fait que le budget, fixé il y a plusieurs mois déjà, n’allait certainement pas être totalement dépensé.
Bras droit du maire Demers, M. Boyer a, entre autres, évoqué «une directive du ministère de la Culture d’honorer autant que possible les ententes» prises avec les organismes culturels avant la pandémie.
Vive opposition
Les explications fournies par le maire et les officiers du comité exécutif n’ont convaincu ni les élus de l’opposition officielle ni ceux de la seconde opposition ni les conseillers siégeant comme indépendants. Ils ont tous voté contre la proposition adoptée à 13 voix contre 8.
Voici en résumé ce que les opposants ont dit lors des échanges précédant le vote:
David De Cotis: «C’est un non-sens total, même Montréal a décidé d’annuler tous ses événements publics jusqu’au 2 juillet, incluant la Saint-Jean-Baptiste et la Fête du Canada»
Michel Trottier: «La planète a tout annulé jusqu’en juillet et, à Laval, on est encore à analyser si on va tenir une fête nationale le 24 juin […] Le ridicule ne tue pas mais demain, la Ville de Laval, si elle vote 662 000 $ pour la Fête de la Saint-Jean, va être la risée du Québec.»
Paolo Galati: «Le maire est vraiment déconnecté de la réalité.»
Claude Larochelle: «On nous propose de dépenser 660 000 $ pour une fête qui n’aura pas lieu. C’est tout à fait surréaliste. Le maire Demers vit probablement sur une autre planète. Ce n’est pas aux Lavallois de ramasser la facture pour un contrat pas encore signé [et] pour un événement qui n’aura pas lieu.»
Michel Poissant: «On dirait qu’on jette l’argent par les fenêtres […] On s’engage dans un contrat conventionnel en présumant que ça va se produire alors qu’on sait que ça ne se produira pas.»
Isabella Tassoni: «Il serait beaucoup plus sage d’attendre.»
Scénarios alternatifs
Dans un communiqué publié en début d’après-midi, la Ville revient sur cette entente liée à «la production de la Fête nationale du Québec au Centre de la nature, le 24 juin», telle que décrite dans le libellé de la résolution adoptée la veille.
On précise que les différents scénarios alternatifs à l’étude tiennent compte du fait que les citoyens ne pourront se déplacer dans le contexte de la pandémie de la COVID-19.
«Laval fera encore une fois preuve de créativité et d’innovation en créant un événement différent et marquant à l’image de ses citoyens tout en respectant les contraintes que nous avons, y déclare Marc Demers. Plus que jamais, nous avons besoin d’être ensemble, même virtuellement, et de souligner notre fierté et l’engagement de toute notre population dans ce moment difficile. La fête nationale est un moment unique pour le faire et pour remercier les Lavallois.»