La Commission des transports du Québec débarquait à Laval, le 8 novembre, pour entendre des représentants de l’industrie du taxi et des chauffeurs propriétaires débattre d’une requête visant à augmenter le nombre de permis sur le territoire de l’île Jésus.
Devant une salle bondée et particulièrement hostile, la demanderesse et porte-parole de Taxi Tera, Caroline Lavoie, a fait valoir que les 213 permis en vigueur depuis une quarantaine d’années à Laval étaient nettement insuffisants pour desservir convenablement une population qui a doublé depuis l’attribution de ces permis, en 1973.
«L’industrie s’est toujours bien portée en respectant la norme [qui prévalait à l’époque] d’un permis par tranche d’un millier d’habitants», dit-elle, soulignant que le ratio est aujourd’hui d’un permis pour 1875 Lavallois.
C’est quatre fois le ratio qu’on retrouve à Montréal, où l’on compte un permis de taxi pour 483 habitants, poursuit celle qui souhaiterait l’ajout de 185 permis à Laval.
Évoquant l’insatisfaction de la clientèle, nommément celle de l’Association lavalloise pour le transport adapté, Caroline Lavoie veut briser le «monopole» de la Coopérative des propriétaires de taxi de Laval (COOP Taxi Laval). Tout le monde y gagnerait, plaide-t-elle, les chauffeurs comme les usagers.
Contre
Opposé à la requête, le procureur de COOP Laval s’est évidemment employé à discréditer l’argumentaire de Taxi Tera.
À commencer par le ratio 1/1000. «Le GPS rend désuète cette norme, délaissée il y a plus de 25 ans.»
Toujours selon Me Claude Coursol, le temps d’attente pour un taxi à Laval est en moyenne de huit minutes. Un délai jugé raisonnable par 86 % de la clientèle, dit-il.
Quant à la demande, elle serait en baisse de plus de 15 % depuis trois ans.
«En 2008, on a enregistré 701 000 appels contre 576 000 en 2010. Les chiffres se maintiennent en 2011.»
Une situation qu’il explique, entre autres, par l’avènement du métro à Laval, qui a contribué à redynamiser le transport collectif.
«Une hausse des permis entraînerait une perte de revenus pour les propriétaires de taxis», qui s’en trouveraient à négliger l’entretien de leur véhicule, termine Me Coursol.
Mise en garde
Du côté du Comité provincial de concertation et de développement de l’industrie du taxi (CPCDIT), le directeur général Daniel Bouchard n’arrivait pas à croire que la Commission des transports du Québec ait accepté de tenir une audience publique sur la foi d’une requête faisant état d’une norme rejetée par l’industrie depuis plus de 25 ans.
Puis, il a mis en garde les commissaires à l’effet que «la compétition ne garantit pas la qualité du service». Il en a donné pour preuve «la compétition indue à Montréal, qui a provoqué un désastre économique pour les propriétaires et [un désastre] pour la prestation de service».
Une opinion entièrement corroborée par le Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal. «Il y a 14 intermédiaires différents à Montréal et c’est loin de satisfaire les chauffeurs. On commence à avoir des faillites; c’est du jamais vu», a expliqué Laval Bilodeau.
Aux commissaires, il a lancé:«Le jour où vous aurez besoin de permis [à Laval], venez en chercher à Montréal!»
Une dizaine de chauffeurs propriétaires membres de COOP Taxi Laval se sont également déplacés au micro pour s’objecter à toute hausse de permis.
«Si y en a qui attendent à Laval, ce sont les chauffeurs», a imagé Stéphane Taillefer, qui vit du taxi depuis 32 ans.
Il abondait ainsi dans le même sens que Paul Estephan, qui venait d’indiquer qu’il n’était pas rare qu’il attende jusqu’à deux à trois heures entre deux appels.
Avant de lever l’assemblée au terme de trois heures de représentation, celui qui présidait à la consultation publique a pris soin d’informer les participants que «bien d’autres étapes sont à venir» dans l’examen de la présente requête et qu’une décision devrait être rendue dans les prochains mois.
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