Selon le Dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible au Québec paru en septembre, le nombre de personnes en situation d’itinérance visible à Laval a augmenté de 6% de 2018 à 2022.
Même si l’augmentation est fort moindre pour la région lavalloise que pour toutes les autres de la province (augmentation moyenne de 44%), il demeure que le nombre de personnes en itinérance a augmenté significativement.
«Si on avait trois gros messages qui ressortent, ce seraient des logements, des sous pour les gens et des sous pour les gens qui aident les gens.»
–Mathieu Frappier, coordonnateur aux services complémentaires du Refuge d’urgence de Laval.
Portrait régional
219 Lavallois.es en situation d’itinérance visible avaient été répertoriés le mardi 11 octobre 2022.
Afin d’arriver à ces résultats, l’équipe du ministère de la Santé et des Services sociaux a interrogé plusieurs personnes de la région le jour de l’exercice.
Ces dernières sont les personnes sans-abri passant la nuit dans un hébergement d’urgence, un hébergement ou des logements de transition, une ressource pour les personnes ou familles touchées par la violence ainsi que celles utilisant des services institutionnels de santé ou incarcérées.
Les hommes cisgenres représentent 70% des personnes en situation d’itinérance visible approchées.
Pour la plupart, les répondant.e.s sont âgés de 30 à 49 ans (34%), de 18 à 29 ans (28%) et de 50 à 64 ans (27%).
Les raisons les plus fréquentes rapportées pour la perte du dernier logement sont les problèmes de consommation (28%) et l’expulsion (26%). Le conflit avec une autre personne arrive en troisième position (22%) et cette fréquence différencie notablement Laval des autres régions (11%). La perte d’emploi (16%) a aussi été nommée deux fois plus que dans le reste du Québec (8%).
«Une partie importante de l’accroissement des gens en situation d’itinérance [n’est pas constituée] des gens qui ont subi le long processus de désaffiliation sociale avec la perte de repères et tout ça, non, ce sont des gens qui se retrouvent à la rue du jour au lendemain, car leur logement a été repris et ils ne trouvent rien qu’ils soient capables de se payer», s’insurge Mathieu Frappier, coordonnateur aux services complémentaires du Refuge d’urgence de Laval.
La source de revenus la plus fréquente est celle des programmes d’aide ou de solidarité sociale (49%), même si cette statistique est inférieure à celle des autres régions étudiées (65%). La deuxième mesure, soit la rémunération par un emploi se chiffre à 23%, ce qui se distingue de la moyenne québécoise (15%).
Finalement, une question était personnalisée pour chaque région dans le cadre du Dénombrement. À Laval, cette question portait sur les services non-utilisés présentement, mais qui seraient essentiels. L’aide pour trouver et garder un logement a terminé en première position, ayant été sélectionnée par 62% des répondant.e.s.
Itinérance invisible
La Ville et le milieu communautaire sont en accord: l’itinérance à Laval demeure méconnue et une grande partie est invisible.
Le Dénombrement chiffrait l’itinérance visible à 219 personnes pour la région de Laval, mais, au Refuge d’urgence de Laval, 450 personnes différentes ont été desservies sur une période d’un an.
«Les ressources n’étaient pas suffisantes […] et déjà débordés en 2018, exprime Mathieu Frappier, coordonnateur de la Nuit des sans-abri de Laval. On a ajouté une ressource d’hébergement d’urgence et, même là, on a encore plus de monde. On le sait aussi Laval, c’est un très grand territoire, c’est possible de pas se faire voir, de ne pas se faire compter.»
Une poignée d’autres organismes offrent de l’hébergement pour les personnes en situation d’itinérance, à court ou moyen terme. Quel portrait aurait-on si leurs statistiques étaient analysées de façon collective?
Pistes de solutions
La crise du logement et l’inflation en hausse constante se fait gravement ressentir pour tous, incluant les personnes en situation d’itinérance.
«On a vu beaucoup de sous [du Gouvernement] débarqués en itinérance, témoigne Mathieu Frappier. […] Il y a un volet qui devrait être considéré, c’est-à-dire le respect de notre autonomie en tant qu’organisme communautaire. C’est bien beau de nous envoyer des sous, mais si on nous envoie des sous pour faire des choses à la pièce qui sont dessinées à Québec, on risque d’échapper des gens.»