En négociations depuis janvier 2023, les employé.e.s de la Société des alcools du Québec (SAQ), représentés par le Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ), se résignent à voter en faveur d’une grève.
Selon Xavier Corbeil, délégué lavallois pour le SEMB-SAQ, les négociations ne se déroulent pas très bien. Malgré la présence d’un conciliateur depuis plusieurs mois, le processus stagne.
Un enjeu principal accroche: le nombre de postes réguliers offerts aux employé.e.s.
Précarité d’emploi
À Laval, 70% des employé.e.s de la SAQ travaillent à temps partiel, sans garantie d’heures. Certains d’entre eux peuvent attendre une dizaine d’années avant d’obtenir un poste régulier. En guise d’exemple, le délégué syndical de la région œuvre au sein de l’entreprise depuis 6 ans, est disponible à temps plein et, pourtant, n’occupe toujours qu’un poste à temps partiel.
Afin de diminuer la précarité d’emploi de ses membres, le SEMB-SAQ demande un plancher d’emploi à temps plein annuel de 2100. Selon la convention collective actuelle, le plancher d’emploi est déterminé en fonction du nombre d’heures travaillées et varie donc entre 1700 et 1800 par année.
En pleine négociation, l’employeur a pris la décision de couper 64 postes réguliers, dont 6 à Laval. Pour des questions de rentabilité et de manque de main d’œuvre, certains magasins fermeront cette année partout dans la province tandis que d’autres voient leurs heures d’ouverture réduites. Ces récentes décisions augmentent encore davantage la précarité d’emploi des 250 employé.e.s lavallois.
«En 2018, sur la question des infirmières, François Legault avait dit que le problème dans le réseau de la santé, c’était que 40% des employé.e.s étaient à temps partiel et qu’aucune entreprise ne pouvait fonctionner [de cette manière], témoigne l’employé de la SAQ d’Auteuil. À la SAQ, c’est 70% des employé.e.s qui sont à temps partiel. Il faudrait être conséquent.»
Le vendredi 8 mars, les résultats de l’affichage annuel provincial ont été publiés. Résultat: aucune possibilité de postuler pour décrocher un poste régulier dans la région de Laval.
«C’est difficile pour les [employé.e.s à] temps partiel parce qu’on se pose la question: est-ce qu’on veut continuer à faire carrière à la SAQ? note le délégué syndical de Laval. Pour les réguliers aussi, il y a peu de possibilités d’améliorer leur sort ou de se déplacer étant donné que tous les postes ont été coupés avant l’affichage.»
Outre le plancher d’emploi, les demandes du SEMB-SAQ incluent aussi une augmentation salariale s’appuyant sur l’inflation ainsi que des assurances collectives.
Grève
Selon le SEMB-SAQ, l’employeur n’a pas répondu de façon constructive au dépôt normatif syndical présenté au début de février. Après les coupures, cette réaction a été la goutte de trop.
Le vendredi 1er mars, les employé.e.s de la SAQ ont voté à 89% en faveur de l’adoption d’une banque de 15 jours de grève décomposables que le syndicat pourra utiliser au moment opportun.
Le SEMB-SAQ n’exclut pas le déclenchement de grèves surprises.
Contactée par l’équipe du Courrier afin de commenter le conflit de travail, la SAQ a déclaré qu’«il est important de souligner que les négociations avec le syndicat se poursuivent avec le même objectif: arriver à une entente satisfaisante tant pour la SAQ que ses employés» tout en précisant que «dans l’éventualité du déclenchement d’une journée de grève, nos équipes sont prêtes à déployer un plan pour assurer une continuité de service».