La violence est devenue un véritable fléau en milieu scolaire. Un sondage réalisé par la firme Ad hoc recherche, en collaboration avec la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), révèle qu’au cours de l’année 2021-2022, 74 % des membres du personnel de soutien scolaire interrogés ont subi de la violence au travail.
À la suite de ce sondage, il a été démontré que le nombre de personnes ayant subi de la violence est passé de 71 % à 74 % entre 2018 et 2022.
« Ce sondage a été réalisé quatre ans après celui de 2018 et le problème n’a pas été réglé, il s’est même amplifié », mentionne Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ.
Les élèves comme première source de violence
Parmi le personnel de soutien scolaire qui se déclare victime de violence, huit personnes sur dix (81 %) identifient les élèves comme une source d’incident. En outre, les élèves sont les principaux instigateurs des violences physiques et non physiques. Presque la moitié des répondants leur attribue la responsabilité d’agressions physiques et 42% des employés interrogés les accusent d’autres formes de violence.
Les parents d’élèves et les collègues de travail s’imposent à quasi-égalité comme la deuxième source de violence (respectivement 29 % et 27 % des attributions par les victimes), très majoritairement non physique.
Les victimes issues des services directs aux élèves (90 %), celles qui sont formées à l’intervention de crise (89 %), mais aussi les femmes (83 %), les employés âgés de 45 à 54 ans (85 %) et le personnel travaillant depuis 10 à 14 ans en éducation (89 %) rapportent davantage de violences infligées par les élèves.
Le personnel de soutien scolaire fait face à deux types de violence
La moitié du personnel de soutien scolaire déclare avoir été victime d’altercations physiques et de violences autres que physiques. Ces deux types de violence se maintiennent au même niveau qu’en 2018. Le personnel en contact direct avec les élèves et celui formé à l’intervention de crise sont, quant à eux, plus exposés à ces deux types de violence.
La nature des gestes de violence physique s’exprime par des coups, des objets lancés, des bousculades, des égratignures et des éraflures, des pincements et par des crachats. Quant aux gestes de violence autre que physique, il est question de cris (58 %), des blasphèmes ou des sacres (57 %), des propos injurieux (51 %), de l’intimidation et des menaces (41 %), du harcèlement (19 %) et des appels agressifs (16 %).
Des gestes non dénoncés
Seulement 10 % des employés ayant subi de la violence remplissent systématiquement les rapports d’incident-accident. Les causes qui poussent le personnel à garder ces événements sous silence sont multiples. Le manque d’utilité (47 %) et la minimisation de la gravité des faits (32 %) sont les deux motifs les plus évoqués. Par ailleurs, les motifs principaux de cette abstention résident dans le fait que le quart des victimes n’ayant jamais rempli de rapport affirment également craindre de détériorer leurs relations avec la direction, préférant ainsi l’autocensure.
Pour le président de la FPSS-CSQ, Éric Pronovost, les résultats de ce sondage démontrent que la situation ne s’est pas améliorée au cours des quatre dernières années.
«Malgré les plans de lutte contre l’intimidation et la violence, les interventions auprès des décideurs et d’une conscientisation de la population, c’est encore pire qu’avant. Qu’avons-nous besoin de plus pour sonner l’alarme? Il faut que des actions soient mises en place rapidement dans nos écoles et nos établissements scolaires pour corriger la situation, on ne peut tolérer ça encore plus longtemps, car il en va de la sécurité et de la santé du personnel de soutien scolaire».
Ce dernier croit qu’il faut trouver des solutions sans tarder pour essayer d’éviter le plus possible que de telles situations inacceptables continuent de se produire.
«Plusieurs raisons peuvent expliquer ce déferlement de violence dans nos écoles et établissements. Lorsqu’il y a moins de personnel pour assurer les services directs aux élèves, il n’est pas possible de faire autant de prévention qu’on le souhaiterait et il est plus difficile d’intervenir rapidement. Il faut aussi que les décideurs prennent la situation au sérieux. Il faut cesser de dire que cela fait partie du job et refuser les situations inacceptables, il faut que cela cesse. Nous avons besoin de gestes concrets!», dénonce le président de la FPSS-CSQ. (J. L-B\IJL)