À 28 ans, Marie-Eve Auger a reçu le diagnostic de cardiomyopathie péripartum avec insuffisance mitrale, une insuffisance cardiaque qui engendre des complications avec une valve du cœur.
Douze ans plus tard, la résidente de Fabreville témoigne des impacts de cette maladie chronique et incurable qui se serait développée lors d’une grossesse.
Après avoir accouché en 2009, Marie-Eve Auger souffre de plusieurs symptômes : essoufflement, fatigue, difficulté à dormir et à respirer. Toutefois, elle attribue d’abord tout cela à son nouveau rôle de mère.
Or cinq mois après la venue au monde de sa fille, la jeune femme se rend à l’hôpital tellement son état est devenu alarmant.
Verdict implacable
Le 5 mars 2010, Marie-Eve Auger reçoit son diagnostic d’insuffisance cardiaque. Son cœur a subi une augmentation de son volume, ce qui engendre également un élargissement des valves de celui-ci.
De plus, l’une des valves du cœur ne se referme pas complètement, ce qui cause des complications, notamment de l’eau dans les poumons.
Cette condition l’empêche de travailler, car son niveau d’énergie est très faible.
Le cas de la Fabrevilloise est plutôt rare, car moins de 1% des personnes en sont atteintes; et ce, même si l’insuffisance demeure plus répandue. Plus de 750 000 personnes vivent présentement avec une maladie de ce type et, chaque année, ce sont 100 000 nouveaux cas diagnostiqués au Canada.
Également, l’insuffisance cardiaque tuerait 20% plus de femmes que d’hommes au pays selon le récent rapport de Cœur + AVC.
Garder l’espoir
Lorsqu’elle a reçu le diagnostic, la jeune mère a su qu’elle ne pourrait plus porter d’enfant, car son cœur ne supporterait pas de vivre une seconde grossesse.
Aujourd’hui, la Lavalloise est en attente d’une greffe qui, pour l’instant, n’est pas urgente. N’empêche, elle doit tout de même préparer son corps à vivre une intervention à cœur ouvert et bien récupérer après celle-ci, et ce, en réalisant un programme d’exercice.
Marie-Eve Auger souligne que sa réalité est un lourd fardeau psychologiquement, car elle a l’impression de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Néanmoins, elle focalise sur les points positifs. Son désir de vivre et celui de voir son enfant grandir dominent les obstacles qu’elle devra encore surmonter.
«J’apprivoise l’idée [de subir une greffe], exprime-t-elle. C’est certain que cela m’attriste de savoir que quelqu’un décède pour que je puisse vivre, mais lorsque je vais le recevoir [le cœur], je vais en prendre soin et lui donner une deuxième chance, comme lui m’en offre une.»
Avancées
La cardiologue Annie Roy, de l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé rapporte que la recherche avance à grands pas en matière cardiaque.
«D’ici 10 à 20 ans, il sera possible d’implanter des cœurs mécaniques, ce qui permettrait de réduire la liste d’attentes pour les greffes», explique-t-elle.
Docteure Roy ajoute également que l’insuffisance cardiaque sera la maladie du 21<+>e<+> siècle puisque la population est vieillissante.
La cardiologue constate que le nombre de consultations pour de l’insuffisance cardiaque augmente de plus en plus à l’hôpital de Laval.
Quant à Marie-Eve, elle remarque aussi qu’il y a des avancées dans la recherche, mais c’est encore peu compris.
«Les recherches continuent afin de mettre le doigt sur les causes de ce problème du cœur, souligne-t-elle. J’ai pu quand même voir une amélioration puisque certains de mes médicaments ont changé depuis 12 ans et j’ai pu me faire installer un défibrillateur, ce qui n’était pas possible pour une femme auparavant à cause de la grosseur de la cage thoracique.»
Mme Auger conseille aux personnes recevant un diagnostic d’insuffisance cardiaque de se concentrer notamment sur les éléments qu’elles peuvent contrôler, que ce soit l’alimentation, l’exercice et la médication, non sans négliger les symptômes de la maladie.