L’artiste visuel, qui a vécu à Laval jusqu’à la fin de son adolescence, présente La citerne et ce, jusqu’au 28 septembre. Son projet d’installation vidéographique prend forme au fond du caveau historique appartenant aux frères Goyer derrière leur maison datant du XIXe siècle, sur le boulevard Saint-Martin.
Une citerne d’eau au beau milieu de saules pleureurs sur un terrain laissé en friche et un caveau bicentenaire qui a servi, entre autres, à l’entreposage des récoltes sont les éléments centraux de son œuvre. Alors qu’elle allait voir ses parents qui habitent tout près du lieu de l’ancienne citerne, où on trouve aujourd’hui la rue Dutrisac, Michèle Lorrain a décidé de documenter l’endroit, il y a une dizaine d’années, avec des photos. Elle savait que ce paysage tendrait un jour à disparaître.
«J’ai aperçu cette citerne derrière une maison, raconte-t-elle. J’ai trouvé que c’était tellement un objet imposant et magnifique! Ça avait l’air d’un bateau suspendu autour d’une forêt pleine de saules. Je trouvais que c’était quelque chose qui, métaphoriquement, représentait l’homme. Le contenant et le contenu qui est l’eau, un élément essentiel à la vie.»
Son œuvre expose une autre facette de Laval et l’ambiance du caveau, son humidité, le terrain sur lequel il se situe et le fait qu’il soit recouvert d’arbres, y est pour beaucoup. Mme Lorrain a été inspirée par les récits des 2 frères, âgés de 86 et 88 ans, sur une époque révolue, dont certaines traces sont encore bien visibles.
«C’est un lieu surréaliste, indique-t-elle en parlant du terrain et de la maison de Joseph et Wilfrid Goyer, où ils habitent depuis leur naissance. Pour moi, ce sont des résistants.»
Le temps qui passe
Le passage du temps est central dans cette projection d’une dizaine de minutes dans laquelle il y a superposition de photos et d’images filmées, entremêlées de citations. L’artiste y voit une mise en abîme entre ces deux éléments qui la fascine. «C’est comme si je travaillais dans la citerne, mais de manière inversée, explique-t-elle. Le caveau devient l’image de la citerne.»
Celle qui habite maintenant La Pocatière ne veut pas jouer la note de la nostalgie. «Je m’intéresse plutôt au temps qui passe, autant le rythme dans une œuvre que la perception du temps. Il y a justement deux phrases à l’intérieur de ma vidéo qui parlent de cette notion de temps qui se superpose et s’intercale.»
L’intérêt de Michèle Lorrain, qui poursuit une pratique issue de la peinture et de l’installation, est porté sur le territoire et le fait d’habiter un lieu. «Je m’intéresse à tout ce qui concerne l’habitat et comment l’homme se place dans le monde», laisse-t-elle savoir.
Le projet d’installation vidéographique se poursuit jusqu’au 28 septembre au 4728, boul. Saint-Martin Ouest (au coin de la 100e Avenue), les jeudis et vendredis, de 14h à 19h, et le samedi, de 12h à 17h. Information: 450 934-6042.