C’est ce qui a été décidé, aujourd’hui au Palais de justice de Laval, alors que l’accusé devait se présenter devant le juge, trois semaines après la mort de son amie de cœur.
Verdict: la poursuite a suggéré au juge de remettre Paul Polydore Banza Tshiany en liberté sous certaines conditions, dont ne pas sortir du Québec, se rapporter à la police de Montréal une fois par semaine, demeurer à son adresse habituelle et ne pas déménager, ne pas entrer en contact avec la famille de la victime, et se présenter en cour le 27 octobre prochain pour la suite des procédures. La libération du Montréalais s’est faite moyennant la somme de 2000 $.
Incompréhension
«Salaud!» s’est écrié l’un des proches de Vayola Brutus, alors que l’accusé s’apprêtait à sortir de la salle.
La consternation était très palpable du côté de la famille de la victime. Certains d’entre eux étaient même incapables de prononcer le moindre mot. «Où est la justice? Dans quel genre de pays habitons-nous? Les criminels profitent d’un système extrêmement permissif qui encourage le crime», déplorait Jacques Alerte, le cousin de la victime, après la comparution de Banza Tshiany, détenu depuis la mort de Vayola Brutus. «Je dois donc comprendre que Vayola est morte pour 2000 $ et trois semaines de prison, lance Karmelle André, une cousine. Si le procès avait lieu aux États-Unis, je suis certaine qu’il serait gardé en détention.» «Le plus frustrant, c’est qu’on est passés à travers des processus interminables, depuis la mort de Vayola, mais sans savoir ce qui s’est vraiment passé, explique Kate Line, une autre cousine. On ne perd pas espoir, mais on commence à trouver que nous sommes victimes d’injustice.»
Le frère de Vayola Brutus a, quant à lui, affirmé que la libération de Banza Tshiany ajoutait à son désarroi, mais qu’il n’avait d’autre choix que de faire confiance au système judiciaire.
Manque de preuve
C’est l’insuffisance de preuves démontrant vraiment que Vayola Brutus a été victime d’un meurtre qui a mené à la libération de l’accusé.
«L’enquête se poursuit, d’autres éléments sont à venir, mais pour le moment, nous ne pouvions pas nous objecter à la remise en liberté, confiait Me Jonathan Meunier, procureur de la Couronne, après la sortie de Banza Tshiany. Toutes les étapes de l’autopsie ne sont pas encore franchies. Nous devrions d’ailleurs recevoir les rapports de toxicomanie au cours des prochaines semaines mais, pour l’instant, nous n’avons rien pour porter d’autres accusations.»
Me Meunier a d’ailleurs ajouté qu’aucun autre suspect n’a été identifié dans cette affaire.
Rappelons que c’est le 5 août dernier que le père de la victime a retrouvé le corps inerte de sa fille, qui gisait dans son lit de la résidence familiale, sur la rue Florence, à Vimont.
Dès le lendemain, la police de Laval avait procédé à l’arrestation de l’ami de cœur de Vayola Brutus. Selon des proches, celle-ci s’apprêtait d’ailleurs à le quitter. À ce jour, seules des accusations d’indécence envers un cadavre ont été portées à son endroit.