L’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ), sa Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids) et ÉquiLibre ont amorcé d’importants travaux de réflexion pour repenser la manière d’aborder l’obésité et la problématique du poids au Québec.
«Nous constatons plusieurs enjeux de communications, tant dans les médias que sur le terrain, qui contribuent à renforcer les préjugés et la stigmatisation des personnes grosses, note Corinne Voyer, directrice de la Coalition Poids, par voie de communiqué. Le fait d’être gros ou d’avoir un IMC élevé est trop souvent associé, à tort, à une mauvaise santé et porte préjudice à plusieurs égards.»
Intimidation
Selon le regroupement, le surpoids est perçu négativement dès l’enfance et des qualificatifs destructeurs pour l’estime de soi en lien avec la laideur et la paraisse y sont associés.
Cette attitude hostile envers le poids d’une personne, que les enfants internalisent, serait portée par une norme sociale qui fait des ravages.
Par ailleurs, au Québec, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la grossophobie. Elles dénoncent notamment les commentaires dénigrants, images dévalorisantes, nombreux stigmas et injustices envers les personnes grosses dans la société.
Ceux-ci peuvent provenir des médias, milieux de travail, cabinets médicaux et institutions.
«La discrimination vécue quotidiennement par les personnes grosses est dommageable pour leur santé physique et mentale, affirme Andrée-Ann Dufour Bouchard, nutritionniste et cheffe de projets d’ÉquiLibre. Les impacts découlant de la stigmatisation liée au poids sont sous-estimés.»
Elle ajoute que les pensées suicidaires et le décrochage scolaire chez les jeunes font partie des impacts négatifs relevés.
Pandémie
Un sondage conduit par la firme Léger du 27 au 29 mars a démontré que 34 % des Québécois ont connu une augmentation de leur préoccupation à l’égard de leur poids dans les deux semaines suivant l’annonce de l’état d’urgence sanitaire.
«Cette obsession pour la minceur pousse de nombreuses personnes à avoir recours à des produits, services et moyens amaigrissants», indique Laurence Sauvé-Lévesque, chargée de projet à l’ASPQ.
«La peur de prendre du poids est alimentée par l’industrie de la minceur et les standards de beauté, mais on se rend compte que les messages de santé associent trop systématiquement le poids à la santé, alors qu’il est bien démontré qu’il n’est qu’un de ses déterminants», ajoute Mme Voyer. (N.P./IJL)