(Mise à jour: 4 juillet, 23h25)
La nouvelle mouture du REM de l’Est prévoit les prolongements potentiels vers Rivière-des-Prairies, Laval et Charlemagne.
Voilà la recommandation qu’en fait le groupe de travail, dont le mandat était de bonifier le projet que pilotait CDPQ Infra jusqu’à ce que le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal reprennent le leadership de ce dossier au printemps 2022.
L’analyse de la mobilité démontre les besoins d’un projet structurant de transport collectif dans l’est de Montréal et le rattachement du réseau vers Laval et Lanaudière. Sous la houlette de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), le groupe de travail a analysé les bénéfices et les coûts de dix scénarios.
35,9 G$
L’ensemble du projet nécessiterait des investissements publics estimés à 35,9 milliards de dollars. On parle ici d’un métro léger automatisé sur rail en voie souterraine sur l’entièreté des 34 kilomètres du parcours retenu, dont l’achalandage en pointe du matin serait de 29 000 passagers.
L’estimation des coûts prend notamment en compte la gestion des risques, le financement, l’inflation et la contingence, mais exclut les coûts liés à l’acquisition des terrains.
Par voie de communiqué, le 4 juillet, la vice-première ministre et titulaire du ministère des Transports, Geneviève Guilbault, a rappelé l’engagement de son gouvernement à désenclaver l’est de Montréal et l’importance que revêt ce projet pour le développement économique et social de la grande région métropolitaine. «Néanmoins, il faut aussi que la proposition respecte la capacité de payer des Québécois, a-t-elle nuancé. Nous prendrons le temps d’analyser le rapport présenté aujourd’hui, mais je remercie déjà tous les partenaires qui contribuent à la réflexion en vue de ce chantier majeur pour la métropole.»
Extension de l’antenne Nord
Le scénario portant sur le prolongement du projet initial du REM de l’Est – rebaptisé depuis Projet structurant de l’Est (PSE) – vers l’arrondissement de Rivière-des-Prairies (RDP) avec deux stations, Laval et Charlemagne, avec une station chacune, a reçu l’aval du groupe de travail.
Selon l’analyse coût/achalandage d’une éventuelle extension de l’antenne Nord, les deux stations dans RDP permettraient d’accroître l’achalandage de quelque 3700 passagers en pointe du matin. De même, le prolongement vers le quartier Saint-François présenterait un accroissement additionnel d’environ 2000 clients lors d’une éventuelle mise en service projetée en 2036.
Allongeant le tracé de 2,5 kilomètres, la traversée souterraine de la rivière des Prairies s’effectuerait dans l’axe du boulevard Rodolphe-Forget, à Montréal, en droite ligne avec la caserne de pompiers de Saint-François.
Les coûts projetés pour relier Laval à Montréal via le PSE: 2,7 milliards de dollars.
Le groupe de travail estime que «la concrétisation du potentiel de développement dans le quartier Saint-François pourrait générer un achalandage additionnel justifiant la desserte de ce secteur de Laval».
Précisons que la station du PSE s’implanterait au quadrant sud-est de l’avenue Marcel-Villeneuve et de l’autoroute 25, là où se trouvent des millions de pieds carrés à développer.
«Deux opportunités pourraient être considérées comme militant en faveur d’une extension jusqu’à Laval: la disponibilité d’un tunnelier et la possibilité de réaliser des ouvrages connexes dans le quartier Saint-François avec moins de contraintes [que dans un milieu bâti]», note également le groupe de travail.
Réaction mitigée du maire
En soirée, le cabinet du maire de Laval a publié cette déclaration de Stéphane Boyer: «Nous sommes évidemment très heureux que l’étude recommande une station à Laval. Naturellement, nous souhaitons que celle-ci se concrétise dès la première phase du projet afin de permettre un développement optimal de l’est de Laval, l’un des derniers grands territoires à développer sur l’Île Jésus.
«Il va de soi que les coûts de construction d’un tel projet sont très importants puisqu’il s’agit d’un véritable projet de société. Le financement de ce chantier principalement à Montréal ne doit cependant pas se faire au détriment des autres projets structurants à l’extérieur de l’île de Montréal, comme le prolongement de la ligne orange à Laval annoncé par le gouvernement en mai 2021 et dont le bureau de projet n’est toujours pas financé.»
Le maire Boyer termine en affirmant qu’«il est certain que le tracé proposé par l’ARTM nous semble une occasion manquée de mieux connecter Laval, Terrebonne et Mascouche».
De fait, le scénario qui visait à prolonger le REM de l’Est jusqu’à Terrebonne et Mascouche n’a pas passé le test de l’analyse en raison des coûts associés à la longueur du tracé requis pour desservir ces deux municipalités.
Arrimage avec le métro
Par ailleurs, le tracé proposé permet une liaison rapide au centre-ville de Montréal alors que le PSE se raccorderait à la ligne verte du métro, soit à une ou deux stations selon les options (Assomption et Honoré-Beaugrand).
«Le rapport rendu public [le 4 juillet] confirme que la ligne verte et le réseau du métro dans son ensemble disposent d’une capacité résiduelle qui peut soutenir la hausse d’achalandage qu’engendrerait le Projet structurant de l’est», a fait valoir Éric Alan Caldwell, président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM).
Pour sa part, la mairesse Valérie Plante a déclaré que «le résultat du travail du comité confirme que le Projet structurant de l’est verra le jour», ajoutant que cet exercice constituait «une étape cruciale qui permettra de désenclaver l’est de Montréal tout en continuant d’analyser les possibilités de desservir les couronnes».