À l’approche de la Journée du grand déménagement au Québec sur fond de crise du logement, la Fédération des OSBL d’habitation pour les régions Laval-Laurentides-Lanaudière (FOH3L) dresse un constat d’échec du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ).
Le Courrier Laval reprend ici le communiqué coiffé du titre «À quand des mesures structurantes pour le droit au logement?», transmis aux médias le 21 juin.
«À quelques jours du 1er juillet, date fatidique pour de nombreux ménages québécois, le Réseau québécois des OSBL d’habitation (RQOH) désire dresser un bilan de la dernière année en matière de logement.
Bye bye AccèsLogis
L’hiver dernier, le gouvernement a mis au rancart le programme AccèsLogis, prétextant qu’il n’était pas assez performant, sans considération quant à son sous-financement de la dernière décennie.
Sa solution de remplacement, le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), réserve une place aux promoteurs immobiliers privés, évacuant, entre autres, la notion de logement social, au profit de celle de l’abordabilité.
La ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a pointé du doigt la lenteur des groupes communautaires à développer les projets d’habitation ayant obtenu l’aval de la Société d’habitation du Québec (SHQ).
Pourtant, près d’un an après l’annonce des 41 projets d’habitation retenus dans le cadre du premier appel de propositions du PHAQ, aucun des 1723 logements n’a été construit. Selon nos informations, à l’heure actuelle, nul chantier n’a vu le jour.
Qui plus est, les promoteurs immobiliers privés ont démontré peu d’appétit pour ce nouveau programme. Des 92 projets soumis, seuls 14 émanent du secteur privé, soit un maigre 15%. Et pour cause, abordabilité et rentabilité ne riment qu’à l’écrit.
Rappelons également que l’arrérage du programme AccèsLogis se chiffre à environ 6 500 logements, dont certains sont « en planification » depuis 7 ans.
Clé de la solution
Le secteur communautaire a la capacité de développer les milliers de nouveaux logis nécessaires, à condition qu’on lui en donne les moyens. Il est certainement le mieux placé pour le faire. Dans le contexte actuel du marché de l’habitation, la clé pour répondre aux besoins des ménages à revenu faible ou modeste demeure un financement adéquat et suffisant. Seulement pour les régions de Laval, des Laurentides et de Lanaudière, ce sont plus de 700 unités de logement qui sont en attente de financement.
La pénurie et l’inabordabilité des logements continuent de précariser la situation des locataires, et en dépit des mesures exceptionnelles déployées, notamment par les municipalités, il n’y a pas de changement structurel.
Comme le soulève notre directrice générale, Jessie Poulette : « en l’absence d’un financement public conséquent et en l’absence d’une programmation annuelle continue d’unités de logement social et communautaire, il n’y a aucune « innovation » tant souhaitée qui aura un effet structurant sur la crise du logement qui sévit. La solution réside, entre autres, dans la création et le maintien d’un contexte général d’abordabilité de l’offre résidentielle.»
Plan de sortie de crise
Nous réclamons aujourd’hui un plan de sortie de crise qui misera sur le développement rapide de logements sociaux et communautaires. L’habitation communautaire demeure une solution de premier choix pour résoudre la crise du logement et offrir des logements réellement abordables et de façon pérenne aux ménages dans le besoin.
À la fois organismes communautaires ancrés dans leur milieu et entreprises d’économie sociale qui contribuent au dynamisme et au bien-être des communautés, les OSBL d’habitation garantissent l’efficacité et la pérennité des investissements publics.
Actuellement, le marché est déséquilibré, et ce sont les ménages à faible revenu qui en souffrent. Le gouvernement doit se doter d’une orientation claire visant à doubler la part du logement hors marché dans le locatif, et s’assurer que toutes ses interventions contribuent à l’atteinte de cet objectif.
Il nous paraît par ailleurs essentiel d’obtenir un soutien à l’achat de logements réellement abordables dans des immeubles existants du marché privé afin de les protéger de la spéculation immobilière.
Finalement, nous croyons fermement qu’une véritable politique nationale en matière d’habitation, basée sur l’objectif de réaliser progressivement le droit au logement, s’impose. Une politique qui garantirait le maintien et l’entretien du parc locatif existant et qui éviterait les fermetures d’établissements. Le Québec a besoin d’un cadre structurant et durable, pas seulement un plan d’action circonscrit dans le temps.» (S.ST-A./IJL)
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