Une étude interuniversitaire a dévoilé qu’une série de tests servant à évaluer certaines habiletés cognitives, ainsi que les connaissances du langage et des nombre permettrait de prédire les performances scolaires d’un enfant au primaire, et ce, dès la petite enfance.
Celle-ci a été réalisée dans le cadre de la thèse de doctorat de Philippe Carpentier. Elle était supervisée par Michel Boivin, professeur à la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval.
«Les résultats à ces tests expliquent environ la moitié des différences observées entre les enfants dans leur rendement scolaire au début du primaire, précise M. Boivin qui est aussi spécialiste du développement de l’enfant à l’École de psychologie de l’Université Laval. En psychologie, les outils qui ont une telle valeur prédictive quant à la réussite scolaire sont rares.»
Méthode
Pour faire cette démonstration, les chercheurs ont étudié deux cohortes totalisant plus de 2600 jeunes. Ces enfants ont participé à deux études longitudinales entreprises au milieu des années 1990 : l’Étude des jumeaux nouveau-nés du Québec et l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec.
Les enfants de ces deux cohortes ont été rencontrés une première fois alors qu’ils étaient âgés, en moyenne, de 41 mois dans un cas et de 63 mois dans l’autre.
«Nous avons utilisé des tests reconnus en psychologie pour évaluer leurs habiletés cognitives avant leur entrée à l’école, explique le professeur Boivin. Ces tests évaluaient, entre autres, leur mémoire, leurs capacités visuo-spatiales, ainsi que leurs connaissances relatives au langage et aux nombres.»
Le suivi à long terme de ces enfants a permis de mettre en relation les résultats aux tests menés pendant la petite enfance et le rendement scolaire de la première à la sixième année du primaire.
«Nos analyses ont mis en lumière le rôle central des connaissances des nombres et des acquis langagiers sur le rendement scolaire au primaire, surtout pendant les premières années», résume Michel Boivin.
Dépistage
En plus de réitérer l’importance du développement cognitif pendant la petite enfance sur la réussite scolaire, ces résultats ouvriraient la voie au dépistage précoce des enfants qui risquent d’éprouver des difficultés au primaire.
«Les tests que nous avons utilisés sont relativement simples et courts, souligne Michel Boivin. Ils pourraient donc servir de base pour repérer, dès la petite enfance, les enfants qui risquent d’avoir des problèmes scolaires. Nous pourrions ainsi identifier les enfants auprès de qui il est important d’intervenir avant l’entrée à l’école.»
Notons que les signataires de l’étude sont Philippe Carpentier, Geneviève Morneau-Vaillancourt, Sophie Aubé, Célia Matte-Gagné, Anne-Sophie Denault, Simon Larose, Amélie Petitclerc, Bei Feng, Ginette Dionne et Michel Boivin, de l’Université Laval, Mara Brendgen, de l’UQAM, et Isabelle Ouellet-Morin, René Carbonneau, Jean Séguin, Sylvana Côté, Frank Vitaro et Richard E. Tremblay, de l’Université de Montréal. (N.P.)