Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval a lancé la plateforme Santé et bien-être des hommes à quelques jours de la Journée internationale des hommes qui se déroule ce jeudi 19 novembre.
Celle-ci présente des informations sur différents aspects de la santé psychologique, tout en permettant de faire une autoévaluation de son état de santé.
«Le grand défi de l’intervention auprès des hommes est que s’ils ne vont pas chercher d’aide, on ne peut pas faire grand-chose pour les aider, explique Louis Bureau, coprésident du Comité de la santé et du bien-être des hommes et intervenant social pour l’organisme RePère. Le site est un portail pour cela. Il leur permet de s’orienter vers les bonnes ressources.»
Pour le moment, la plateforme comprend cinq grandes catégories, soit dérapage, détresse et idées suicidaires, santé physique, dépression, ainsi que sphères de vie. Elles sont ensuite divisées sous divers onglets supplémentaires.
«L’avantage est que le tout se déroule derrière un écran, donc c’est moins menaçant, poursuit Jean Fallon, conseiller cadre aux relations avec la communauté, services sociaux et de réadaptation au CISSS de Laval. Les utilisateurs sont donc en mesure de mettre des mots sur plusieurs choses, puis d’avoir accès aux liens et ressources du territoire sans être obligés de briser leur carapace.»
Réticence
Plusieurs raisons peuvent expliquer le fait que les hommes sont moins tentés d’aller chercher de l’aide lorsqu’ils en ressentent le besoin.
«On est encore dans une société qui décrit l’homme comme étant fort et solide, donc, pour plusieurs, accepter d’avoir un problème est déjà difficile, précise M. Fallon. La deuxième étape de demander de l’aide est encore plus difficile.»
Des hommes ont aussi tendance à répondre avec la violence et colère lorsqu’ils sont en détresse.
M. Bureau ajoute quant à lui que les hommes vont davantage consulter à partir du moment où il y a un effet sur leurs enfants.
Les proches peuvent également jouer un rôle important dans le processus. Les probabilités de consulter un intervenant sont de 7,7/10 lorsque le médecin le propose, 6,7/10 pour la conjointe et 6/10 pour les amis.
Il ne faut d’ailleurs pas sous-estimer l’impact de la pandémie actuelle sur la santé mentale des hommes.
«La situation accentue le phénomène d’isolement, assure l’intervenant social de RePère. Les hommes ont souvent un réseau social qui est moins dense et associé à leur travail. Les contacts dans la famille sont aussi plus souvent entretenus par la mère, donc, après une séparation, il arrive que l’homme va se sentir seul.»
Formation
Bien que les deux intervenants s’entendent pour dire que la quantité de ressources accessibles pour aider les hommes en situation de détresse sont suffisantes, ils croient que l’approche devrait être revue.
«Toute demande d’aide est contraire à comment un homme apprend à vivre, rappelle Jean Fallon. Tu dois montrer ta vulnérabilité et admettre ton échec, alors qu’un jeune homme est socialisé à l’inverse. On en est conscient et c’est pour cela que le comité existe. Il faut contrer cette pensée et défaire le préjugé.»
Par ailleurs, des formations sont désormais offertes auprès d’organismes communautaires, de la DPJ et des CLSC de Laval pour mieux répondre aux demandes des hommes qui ont besoin d’aide psychologique.
«Si vous n’allez pas bien, n’hésitez pas à consulter, conclut M. Fallon. Il n’y a aucune honte à cela et, dans la majorité des cas où la demande d’aide est faite, la suite est très positive.»