Appelée à réagir à la sortie publique de la Fondation Rivières, selon laquelle la sous-capacité des usines d’épuration de Laval accentue le phénomène des dérivations, la Ville affirme que les rejets de ses stations satisfont «aux exigences fixées par le Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées (ROMAEU) du Ministère de l’Environnement».
Dans un échange de courriels, la responsable des affaires publiques au Service des communications et du marketing, Anne-Marie Braconnier, attribue les dérivations à la période de fonte des neiges et des fortes pluies comme c’est le cas pour les surverses.
«Les dérivations aux 3 StaRRE [stations de récupération de la ressource eau] sont constituées d’eaux partiellement traitées selon l’endroit où l’étape de traitement atteint avant la dérivation, précise-t-elle. L’amélioration de la qualité des eaux dérivées par rapport aux eaux surversées réduit leurs impacts dans l’environnement. Ces ouvrages de dérivation ont été conçus et incorporés aux StaRRE pour protéger les équipements en aval de ceux-ci et pour permettre [leur] entretien ou réparation».
Avis contraire
Pour le président de la Fondation Rivières, Alain Saladzius, les dérivations se produisent plutôt en raison d’une capacité insuffisante des équipements et leur effet sur l’environnement a été démontré par une étude menée à Laval par la Chaire industrielle CRSNG sur l’eau potable de Polytechnique Montréal.
Par ailleurs, M. Saladzius affirme que «les ouvrages de la ville de Laval ne respectent pas toutes les exigences» ministérielles. À cet égard, il cite le bilan 2018 de la performance des stations d’épuration et des ouvrages de surverse que le Ministère a déposé ces derniers jours, où Laval est citée à sept reprises pour ne pas avoir atteint les cibles attendues ou respecté la norme réglementaire.
Développement non compromis
La performance des systèmes d’assainissement des eaux ne compromet nullement le développement du territoire, soutient l’administration municipale.
«Toute demande de permis pour un développement à la Ville suit un processus rigoureux et très complet respectant les exigences des paliers de gouvernements supérieurs. La notion de capacité de traitement pour assurer le respect des exigences de rejet massique est incluse au dit processus.»
À la question si des mesures avaient été mises en place pour pallier le problème des dérivations et préserver la sécurité des usines de filtration, on répond que «la fréquence d’analyse de la qualité de l’eau brute effectuée à nos prises d’eau excède celle prescrite par la réglementation» et que «les trois stations de production d’eau potable respectent la réglementation en tout point et en fonction de la qualité d’eau brute à traiter».
Également, la Ville rappelle qu’elle s’emploie «à finaliser ses plans directeurs des réseaux de collectes des eaux usées ainsi que les plans de gestion des débordements», lesquels sont d’ailleurs exigés par le Ministère avant l’autorisation de tout nouveau développement.
Toute la gestion des eaux de ruissellement sur le territoire est aussis abordée dans l’actuelle refonte de la réglementation municipale.
Au passage, Mme Braconnier signale que «le ROMAEU amène une exigence additionnelle de rejet pour les StaRRE Fabreville et La Pinière pour le 31 décembre 2030. Les études sont déjà en cours et elles doivent être déposées auprès du Ministère pour le 31 décembre 2022.»
Quant à savoir les priorités identifiées dans le cadre du programme de la Taxe sur l’essence et de la contribution du Québec (TECQ), via lequel la Ville dispose d’une enveloppe de 155 M$ pour la mise à niveau de ces ouvrages de traitement de l’eau, on se limite à dire que «près de 85 % de la somme allouée est dédiée directement aux infrastructures reliées à l’eau», «les priorités ont été transmises» au Ministère et que «c’est la première programmation qui est révisée annuellement».