La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) se dit très inquiète de l’idée d’un salaire minimum s’élevant à 20$ de l’heure.
Elle croit que dans le contexte de fragilité des PME, une telle hausse nuirait considérablement à la petite entreprise au Québec et mettrait beaucoup de pression sur l’augmentation des prix à la consommation.
«C’est vivre dans une réalité parallèle que de penser qu’une hausse si forte de 31% n’aura pas d’impacts négatifs sur l’économie, croit François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI. Une telle augmentation impliquerait des coûts supplémentaires directs de 11 373$ pour un employeur embauchant une seule personne au salaire minimum à temps plein.»
Selon les calculs de la Fédération, et en supposant que le nombre d’heures travaillées au salaire minimum est similaire à 2022, le coût de cette proposition impliquerait des coûts directs supplémentaires de 1,09 G$ pour les employeurs.
Une étude du ministère du Travail portant sur l’impact global d’une hausse du salaire minimum sur l’ensemble des salariés au Québec, publiée en 2012, déterminait quant à elle que le facteur multiplicateur permettant d’estimer l’effet indirect d’une augmentation du salaire minimum pour les employeurs québécois est de 3,24. Dans l’hypothèse où le facteur multiplicateur en 2023 est le même qu’en 2012, les coûts supplémentaires totaux pour les employeurs seraient plutôt de 3,5 G$.
Viser l’équilibre
Par ailleurs, la FCEI note que l’inflation affecte particulièrement les propriétaires de PME québécoises qui composent déjà avec de l’endettement, des pressions causées par la pénurie de main-d’oeuvre et un fardeau fiscal désavantageux.
L’indice de confiance des PME québécoises est le plus bas au pays sur le Baromètre des affaires de la FCEI. Il s’agit d’un creux historique en 15 ans.
C’est pourquoi la Fédération croit que le gouvernement du Québec devrait épauler davantage les petites entreprises. Selon les dirigeants de PME, les meilleurs moyens pour les accompagner lors d’une hausse du salaire minimum seraient de réduire le fardeau fiscal global (79%), de baisser les taxes sur la masse salariale (73%), ou d’offrir des crédits d’impôt (58%).
«Bien sûr qu’adopter une approche équilibrée demeura moins populaire qu’une augmentation importante du salaire minimum. Mais, la fragilité des PME du Québec et le contexte inflationniste devraient commencer à sérieusement inquiéter le gouvernement du Québec, qui se doit regarder les deux côtés de la médaille et éviter d’adopter une forte augmentation du salaire minimum», conclut François Vincent. (N.P.)