À la fin du mois de février, l’annonce de la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, de mettre fin au programme AccèsLogis a été mal reçue dans le milieu de l’habitation sociale et communautaire.
«Tourner le dos à AccèsLogis, c’est tourner le dos aux plus vulnérables et démunis d’entre nous. Et ça, c’est inacceptable», a déclaré Jessie Poulette, directrice générale de la Fédération des OSBL d’habitation pour les régions Laval-Laurentides-Lanaudière.
Dans un communiqué publié le 2 mars, Mme Poulette, qui préside également aux destinées du Réseau québécois des OSBL d’habitation (RQOH), rappelle qu’AccèsLogis est le seul programme de logement social au Québec et qu’il a fait ses preuves. «Depuis des années, on annonce des unités, mais elles ne sont pas livrées […] Si ses normes et son financement avaient correctement été ajustés – ce que le milieu demande depuis des lunes – il ne serait pas mis au rencart par la ministre».
Dans un échange de courriels, le 21 février dernier, Jessie Poulette déplorait que des quelque 15 000 unités déjà programmées au moment de l’élection du gouvernement Legault en 2018, il en reste encore près de 10 000 à réaliser.
Besoins urgents
Le RQOH et ses huit fédérations régionales pressent le ministre des Finances, Eric Girard, de prévoir dans le prochain budget, qui sera dévoilé le mardi 21 mars, le financement pour la construction d’au moins 50 000 nouveaux logements sociaux et communautaires «réellement abordables» sur un horizon de 10 ans.
Ces unités de propriété collective et sans but lucratif sont nécessaires pour loger les ménages à faible ou modeste revenu selon leur capacité de payer, poursuit Jessie Poulette.
Explications divergentes
«La création de logements à but non lucratif est la seule façon de faire fléchir les prix et de maintenir l’abordabilité des logements à long terme. Il y a unanimité des acteurs sociaux et économiques pour revendiquer la construction de logements sociaux et communautaires. Le marché locatif conventionnel n’est pas la solution, contrairement à ce que semble penser la nouvelle ministre Duranceau», poursuit la présidente du RQOH.
Dans une entrevue publiée dans La Presse, le 27 février, France-Élaine Duranceau expliquait que des centaines de millions de dollars sont actuellement gelés en raison des années qui s’écoulent entre l’attribution des sommes et la mise en chantier des projets d’habitation via le programme AccèsLogis, lequel sera remplacé par le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ) créé par le gouvernement caquiste en février 2022.
Le Réseau québécois des OSBL d’habitation (RQOH) attribue plutôt ces délais déraisonnables au fait que l’argent ne soit pas au rendez-vous: «Pour les seules régions de Laval, Laurentides et Lanaudière, ce sont plus de 700 unités de logements qui sont en attente de financement. Au Québec, des 6500 logements «en planification», certains le sont depuis 7 ans».
Selon la ministre Duranceau, avant d’en finir avec AccèsLogis, le gouvernement provincial financerait plusieurs de ces milliers de logements planifiés.
Logements sociaux vs abordables
Quant au Parti libéral, il aurait souhaité que Québec finance à parts égales la construction de logements sociaux et abordables.
«En privilégiant uniquement le logement abordable, qui en pratique est de moins en moins abordable pour la plupart des familles et aînés, la CAQ choisit de subventionner des logements pour la classe moyenne au détriment des plus démunis», réagissait la semaine dernière l’aile parlementaire de l’opposition officielle.
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