Les groupes d’opposition ont torpillé le programme triennal des immobilisations (PTI) 2024-2026 adopté le 15 novembre malgré leur objection.
Ils reprochent à l’administration Boyer d’investir dans de grands et mauvais projets au centre-ville au détriment des quartiers et d’endetter les Lavallois de façon irresponsable.
Endettement
En trois ans, la dette bondira de plus de 500 millions de dollars.
L’endettement net à long terme s’élèvera à près de 1,3 milliard de dollars au 31 décembre 2026, alors qu’il avoisine actuellement les 780 millions de dollars. Une hausse de 66 %, décriée par les deux partis politiques formant l’opposition à l’hôtel-de-ville.
«Pour réaliser des projets qui ne sont pas prioritaires et encore moins souhaités des Lavalloises et Lavallois, le maire Boyer fait le choix d’endetter à un rythme sans précédent les générations futures; c’est scandaleux», s’est indigné le chef par intérim de Parti Laval et conseiller de Fabreville, Claude Larochelle, dans un communiqué publié peu après l’adoption du PTI.
«Après avoir ajouté 500 M$ sur la carte de crédit des Lavallois, le maire ne peut soutenir avoir une gestion responsable et équilibrée», déplorait pour sa part Action Laval, qui remet également en question le sens des priorités de l’administration Boyer.
Poids de la dette
L’emprunt de centaines de millions de dollars pour financer les immobilisations prévues au plan triennal aura pour effet de grever le budget de fonctionnement de la Municipalité pour des années à venir, poursuivent les oppositions.
«Le service de la dette passe de 92 à 195 millions par année à compter de 2027», signalait Louise Lortie, conseillère de Parti Laval dans Marc-Aurèle-Fortin, lors des échanges précédant le vote. Celle-ci s’inquiète «pour la pérennité de nos infrastructures et de nos finances publiques», rappelant que les actifs municipaux affichent «un urgent besoin d’amour».
Action Laval que dirige Achille Cifelli, élu dans Val-des-Arbres, laisse entendre que le poids du service de la dette comptera pour près de 20 % des charges annuelles, le budget municipal ayant atteint le milliard de dollars en 2023.
Du côté du parti au pouvoir, le conseiller de L’Orée-des-Bois et responsable des finances publiques, Yannick Langlois, a tenu à rassurer les Lavallois. L’exercice entourant la planification des investissements en immobilisations «respecte en tout point notre politique de gestion de la dette et tous les ratios d’endettement à long terme», a-t-il opposé à ses détracteurs.
Hausse de taxes
La hausse annoncée du compte de taxes moyen a également retenu l’attention des partis d’opposition.
«Cette hausse de 4,8 % ne passera pas dans la population, surtout dans une période de ralentissement économique», a commenté le conseiller d’Action Laval dans Saint-Vincent-de-Paul, Paolo Galati. D’autant que des «citoyens sont déjà en colère» en raison des ratés qu’éprouve le service de collecte des ordures et des matières compostables et recyclables, ajoute-t-il.
Une augmentation «salée» que déplore aussi Louise Lortie.
«Alors que la population, sous pression de toutes parts, multiplie les efforts de rationalisation afin d’absorber les contrecoups d’une inflation galopante, l’administration Boyer continue de dépenser au même rythme et refile la totalité de la note aux contribuables lavallois», écrit-elle.
Choix difficiles
C’est sous la consigne de «finaliser, limiter et réparer» que le Service des finances a planché sur le PTI 2024-2026, a indiqué le maire Boyer. «Ainsi, on termine les projets bien entamés, on s’assure de limiter les nouvelles dépenses et on prend soin de nos infrastructures existantes», a-t-il déclaré par voie de communiqué le 16 novembre.
La veille, en assemblée extraordinaire, le maire avait rappelé les «choix difficiles» qui ont marqué l’exercice, dont le fait de renoncer à de nouveaux projets. «Le coût de la vie augmente pour tout le monde, également pour la Municipalité», a souligné M. Boyer en mentionnant que «les coûts de construction augmentent plus vite que l’inflation» et que cela se reflétait sur «le coût d’entretien de nos actifs» dont les besoins sont grands.
Dans un contexte de croissance démographique, Laval accueillant bon an, mal an 4000 nouveaux résidents par année, le maire dit réduire les embauches, mais ne pas pouvoir les geler. «On maintient les projets sur la table à dessin; on ne veut pas couper les services aux citoyens», a-t-il terminé.