Des virologistes de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) ont révélé le rôle clé d’une protéine dans la progression de l’hépatite C, ouvrant ainsi la voie à un traitement plus efficace contre cette maladie infectieuse du foie qui tue environ 500 000 personnes chaque année.
Cette découverte prometteuse a été réalisée depuis les laboratoires du centre de recherche et de formation Armand-Frappier Santé Biotechnologie, pierre angulaire de la Cité de la biotech située ici même à Laval.
La potentielle cible thérapeutique, on la doit aux travaux de recherche menés par l’équipe du professeur Terence Ndonyi Bukong qui, en collaboration avec le professeur Patrick Labonté, a mis au jour le rôle d’une protéine dans le processus de déclenchement et de développement de la maladie, appelé pathogenèse, indique l’INRS dans un communiqué publié le 22 octobre.
«Actuellement, aucun vaccin n’existe contre cette maladie qui affecte plus de 130 millions de personnes à l’échelle de la planète, dont près de 250 000 au Canada», rappelle l’Institut tout en précisant que «les antiviraux existants coûtent cher et restent peu accessibles dans les pays en développement, où la prévalence est élevée».
Incognito
Pour attaquer et prévenir une infection, le système immunitaire doit normalement reconnaître les virus. Le «hic» avec les virus de l’hépatite C, c’est qu’ils se déplacent incognito dans des exosomes, ces véhicules de transport et d’expulsion de composants cellulaires chez la cellule hôte. Il faut aussi savoir que pour insérer leur ARN viral dans le cargo exosomal, les virus interagissent avec une zone clé de la protéine RTN3.
«Nous sommes les premiers à montrer le rôle exosomal de cette protéine dans le processus de la pathogenèse de l’hépatite C, explique le virologiste Bukong qui a dirigé l’étude publiée dans le journal PLOS One. En ayant identifié les sections responsables de la formation d’un exosome infectieux, nous pouvons maintenant trouver les molécules distinctives qui bloquent l’interaction avec l’ARN viral. Ce dernier n’aurait plus la possibilité d’entrer dans les exosomes et de se cacher du système immunitaire».
Percée majeure
Spécialisé dans l’étude des virus, le microbiologiste met en lumière le fait que cette découverte de l’interaction entre le virus et la protéine RTN3 ouvre la porte à des recherches sur d’autres virus qui utilisent la voie exosomale pour éviter la détection.
Il en veut pour preuve des études selon lesquelles le VIH, le Zika et le virus de l’hépatite B se cachent aussi dans les exosomes. «Cela cause un problème dans l’utilisation de vaccins puisque, même si des anticorps sont développés, ils ne peuvent pas bloquer l’infection ou la transmission des virus, souligne le professeur Terence Ndonyi Bukong. Si la protéine RTN3 joue aussi un rôle important pour ces autres maladies, cela pourrait permettre d’améliorer l’efficacité des traitements et, éventuellement, l’efficacité des vaccins.»
Les travaux de M. Bukong et de son équipe ont été rendus possible grâce au financement du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), de Alberta Innovates et de la Fondation Armand-Frappier.