Alors que l’intimidation est une réalité en milieu scolaire depuis de nombreuses années, les centres pour aînés et résidences sensibilisent de plus en plus les personnes âgées afin d’éviter que les cas d’intimidation se généralisent entre eux.
Pour contrer le phénomène, les centre SCAMA (Centre de services communautaires et d’aide au maintien de l’autonomie) et DIRA-Laval organisent des activités pour informer les aînés et les inviter à faire preuve de bienveillance entre eux.
La troupe de théâtre amateur du centre SCAMA sera présente pendant le mois de mars dans différents centres avec leur spectacle sur l’intimidation intitulé Ça placote à la popote.
«On ne veut pas de toi ici», s’exclame l’une des comédiennes. «Tu es trop lente pour nous accompagner à faire une promenade ou participer à l’activité de Tai Chi!», affirme une autre.
Cette scène fictive jouée par les comédiens aînés ne s’éloigne pas de la réalité de plusieurs victimes d’intimidation dans des résidences.
«Pendant six mois, on a travaillé avec les aînés du centre SCAMA, commente Valerie Gagnon-Laniel, metteuse en scène de la pièce. Tout est inspiré de faits réels. Ces comédiens ont partagé des histoires qui leur sont arrivées à un certain moment de leur vie. L’équipe a aussi fait des recherches sur le sujet pour aboutir à écrire un scénario qui reflétait la problématique.»
Apprendre à le reconnaître
Comme à l’école, les aînés victimes d’intimidation dans des résidences, habitations à loyer modique ou centres communautaires sont souvent mis à l’écart du groupe.
Cela se traduit par des attaques personnelles, moqueries, commérages, de l’exclusion et peut même être reconnu comme un acte criminel quand la personne utilise la violence, fait des menaces ou endommage des biens.
«On a eu un cas cette année ici à DIRA-Laval d’une femme avec une fracture à l’avant-bras, commente Francine Côté Demers, la directrice de l’organisme. Une personne de la résidence lui avait refusé l’accès à une salle commune. Pour l’empêcher d’entrer, elle lui a fermé la porte sur le bras. Heureusement, il y avait un témoin présent et la femme a pu amener son cas devant la justice.»
Sujet tabou
Aucune étude québécoise n’a encore mesuré le problème. Selon la directrice de DIRA-Laval, il est très difficile d’avoir un registre du nombre de cas d’intimidation.
«L’intimidation entre aînés est un sujet dont on est au courant depuis toujours, commente Mme Côté Demers. Le problème, c’est qu’il est difficile de prouver que ce sont des cas d’intimidation parce qu’il n’y a pas de preuves. C’est souvent la parole de l’un contre celle de l’autre.»
Certains aînés expriment leur crainte de vieillir en rejetant ceux qui sont différents ou malades. Pour d’autres, la perte de pouvoir sur leur propre vie se traduit par le désir inconscient de gagner une forme de pouvoir sur la vie des autres.
«L’intimidation peut être faite de façon inconsciente, explique Billy Élliot, animateur de la discussion sur l’intimidation au centre SCAMA. C’est pour cette raison qu’il est important d’offrir des conférences ou créer des activités pour informer et éclairer les aînés.»
Intimidation ou conflit ?
Selon la chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées, l’intimidation s’inscrit dans un contexte d’interactions sociales ou de comportements agressifs et répétitifs présents dans un rapport de force, pouvoir ou contrôle.
Le conflit correspond à une opposition entre deux parties de pouvoir égal, alors que l’intimidation correspond à un pouvoir inégal.
Ce sont des gestes délibérés dans l’intention de nuire ou faire mal. Ils peuvent engendrer des conséquences néfastes sur la victime telles que l’isolement, l’anxiété et même des conséquences sur la santé physique et mentale.
L’intention volontaire d’être blessant, la fréquence des gestes commis et un sentiment d’impuissance chez la victime sont souvent des caractéristiques de l’intimidation.