L’Association des établissements de longue durée privés du Québec (AELDPQ) souhaite négocier au début de l’année prochaine avec la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, des salaires convenables pour que tous les préposés aux bénéficiaires soient payés au taux horaire de 18$ à partir du deuxième trimestre 2020.
Bien que le gouvernement eût annoncé au mois de mars un investissement de 30 millions pour les CHSLD privés, l’AELDPQ soutient que presqu’un an après l’annonce, aucun montant a été déboursé pour augmenter les salaires des employés.
«Le problème est que le gouvernement a fait une annonce au mois de janvier et plusieurs CHSLD privés se sont empressés de faire des modifications parce qu’ils pensaient qu’ils allaient recevoir cet argent, explique Michel Nardella, président de l’AELDPQ. Il y a des CHSLD qui ont fait des hausses de salaire ou acheté de l’équipement, mais aucun montant n’a été octroyé.»
Pour sa part, le gouvernement assure qu’il négocie au fur et à mesure l’augmentation avec chaque CHSLD privé qui est sur le point de renouveler son contrat.
«Nous voulons trouver un moyen légal de s’assurer que l’argent ira directement pour les conditions salariales des employés, affirme par courriel Marjaurie Côté-Boileau,attachée de presse du cabinet de la ministre. Plusieurs établissements publics ont débuté les travaux visant la hausse des per diem dans des contrats spécifiques, en cours de renouvellement ou pour lesquels il reste moins de 18 mois.»
L’Association revendique une négociation pour que tous les CHSLD privés aient une augmentation simultanée, non pas traitée individuellement comme le veut le gouvernement.
«Pendant que les contrats vont se terminer, on va continuer à payer les mêmes salaires à nos infirmières pendant deux à trois ans, indique M. Nardella, aussi propriétaire de la Résidence du Bonheur, dans Saint-François. Cela n’a aucun bon sens parce qu’il y a des contrats comme le mien qui se renouvellent jusqu’en 2021. Il y aura une iniquité si on négocie séparément.»
«Si le gouvernement rehausse le per diem de 80$ pour donner le même salaire qu’aux employés du public, on ne sera plus en compétition déloyale, constate-t-il. On veut proposer au gouvernement que 90% du montant aille dans les salaires et 10% dans le maintien des actifs.»
Les besoins
Les disparités au niveau des salaires entre le public et privé causent des difficultés pour les employeurs qui ont de la misère à retenir et recruter de nouveaux employés.
«On est souvent obligé de recourir aux agences parce qu’il y a un manque de main d’œuvre, soutient André Lemieux, directeur général du CHSLD de la Rive, dans Fabreville. Les agences, ça coûte beaucoup plus cher, alors qu’on a moins d’argent qu’au public.»
Les conditions ne sont pas faciles pour les préposés aux bénéficiaires et infirmières auxiliaires qui gagnent 33% de moins que leurs collègues du public.
«Forcément, il y a une surcharge de travail pour tout le personnel, surtout pour les préposés aux bénéficiaires qui se voient parfois obligés d’avoir deux emplois, faire du temps supplémentaire ou partir dans le public avant de faire un burn-out», avoue M. Lemieux.
«Le plus triste de tout ça, c’est que les employés nous disent qu’ils aiment travailler ici, mais que la tâche s’est alourdie à travers les années, raconte Pierre Bélanger, propriétaire de la résidence Les Loggias Villa Val des Arbres, dans Duvernay. La tâche des préposés a beaucoup changé. Avant, une personne demeurait plus longtemps dans un CHSLD. Maintenant, les gens viennent chez nous en fin de vie. Par conséquent, il y a plus de travail qu’avant, étant donné que la population est vieillissante.»