Décidément, le programme de financement des véhicules électriques a fait beaucoup réagir en janvier.
Après avoir voté contre son prolongement avec six autres de ses collègues à la dernière séance du conseil, Michel Poissant publiait la semaine suivante une lettre ouverte coiffée du titre «Subventionner le remplacement des poêles au bois est critique… pas les voitures électriques!»
Affirmant que la Ville se trompe de cible dans sa lutte aux émissions de gaz à effet de serre, l’élu dissident, qui n’a toujours pas regagné le caucus du parti du maire Marc Demers depuis la fronde de juin 2018, rappelle que le chauffage au bois est la principale cause du smog hivernal.
«Un poêle à bois est plus polluant que 100 voitures», évalue-t-il sur une base annuelle. Il étaye son affirmation d’une étude d’Environnement Canada selon laquelle un poêle qui brûle pendant 9 heures libère une concentration de particules fines comparable à une voiture qui roule 18 000 kilomètres.
Conversion
L’élu de Vimont plaide que les fonds publics serviraient davantage la collectivité en subventionnant la conversion des vieux appareils de chauffage au bois.
Du coup, il relance la direction générale de la municipalité. Celle-ci était mandatée en décembre pour en étudier la faisabilité à la suite d’une résolution adoptée à l’unanimité au conseil municipal. Le conseiller de l’opposition officielle, Claude Larochelle, avait alors rallié les élus autour de l’idée de créer «un programme de subventions pour soutenir la conversion, le remplacement ou le retrait des appareils à combustibles solides et ce, dans le but d’atteindre la norme de 2.5 g/h de particules fines».
À titre d’exemple, avance M. Poissant, les Lavallois pourraient toucher 300 $ en acceptant de se débarrasser de leur vieux poêle ou encore 1000 $ en le remplaçant par un appareil aux normes. «La Ville pourrait solliciter le gouvernement du Québec pour un éventuel programme conjoint de subvention», suggère-t-il.
Urgence d’agir
Michel Poissant souligne que les vieux poêles à bois «émettent 70 grammes de particules fines à l’heure» et que leur impact environnemental est immédiat sur la santé des gens puisque ces infimes particules «pénètrent profondément dans les poumons», entraînant «une augmentation des symptômes respiratoires».
«Il y a des gens qui ne peuvent pas sortir l’hiver, poursuit le conseiller qui en fait un enjeu de santé publique majeur. Il y a urgence d’agir.»
Lavallois sondés
Dans le cadre d’un sondage sur le bon voisinage effectué en décembre, les citoyens étaient notamment appelés à se prononcer sur l’utilisation et les nuisances du chauffage au bois.
«L’enjeu du sondage était de connaître l’intérêt des Lavallois pour une nouvelle règlementation sur l’utilisation d’appareils à combustible solide dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’air sur le territoire, indique la porte-parole, Sarah Bensadoun. Les informations sont actuellement en cours d’analyse.»
Elle précise qu’«il était nécessaire de prendre le pouls de la population» considérant qu’un projet de règlement visant les poêles et foyers au bois serait à l’étude en cours d’année.
Au Québec, la combustion du bois de chauffage représente la première source d’émission de particules fines (44,1 %) devant les transports (15,3 %), révélait une étude du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques en 2007.
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