Sur les coups de midi, les enseignants du Collège Montmorency ont amorcé une grève de 48 heures afin d’exprimer leur mécontentement face au déroulement des négociations avec le secteur public et revendiquer plus de ressources pour le réseau collégial.
«On ne fait pas la grève de gaîté de cœur, mais parce que, là, on sent que le gouvernement nous pousse à bout et persiste à faire la sourde oreille, explique Josiane Nadeau, présidente du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Montmorency (SEECM). Nous constatons au quotidien une série de problèmes qui touchent les conditions d’enseignement et d’apprentissage, et nous souhaitons y apporter des solutions pérennes.»
Précarité, salaires, encadrement des étudiants
La précarité des emplois est un des irritants majeurs, selon Amélie Therrien, responsable de l’information et de la mobilisation au SEECM.
«Il est fréquent de voir des professeurs 10, 15 ans avec un statut non permanent.»
Pour les enseignants de la formation continue, la situation est exacerbée par un salaire qui représente la moitié de ce que leurs collègues du secteur régulier reçoivent.
«À titre d’exemple, la formation continue permet de former des éducatrices en CPE, des infirmières et des technicien.nes du réseau de la santé […], illustre Josiane Nadeau. […] Nous allons avoir de plus en plus de difficulté à attirer des personnes qualifiées pour assurer ces formations», qui sont pourtant en grande demande.
Par ailleurs, la pandémie génère des besoins supplémentaires que le gouvernement semble ignorer, signale Mme Nadeau. «[…] Nous réclamons plus de ressources afin de mieux encadrer les étudiants avec une faible moyenne générale au secondaire (MGS), de même que celles et ceux qui se trouvent en situation de handicap. Les cohortes qui entreront bientôt dans nos collèges sont les élèves de 4e et 5e secondaire de cette année, soit les plus affectés par la pandémie.»
Parmi les irritants figure également l’absence de reconnaissance de la liberté académique (notamment les libertés d’enseignement et d’expression), dont jouissent les professeurs et chargés de cours universitaires.
Impacts minimisés
Du côté de la direction du Collège, on dit respecter le droit de grève des enseignants et on salue la collaboration avec le SEECM, notamment pour minimiser l’impact sur les étudiants. «Toutes nos plateformes d’apprentissage restent disponibles; les étudiants auront la possibilité d’avancer leurs travaux» assure Isabelle Grelier, directrice des ressources humaines au Collège Montmorency. Les cours, laboratoires et stages qui requièrent la présence des professeurs sont levés jusqu’à jeudi.
Mme Grelier a préféré ne pas prendre position quant aux revendications des enseignants, par respect pour le processus de négociation en cours avec le gouvernement. Même son de cloche au ministère de l’Enseignement supérieur.
Cette mobilisation s’inscrit dans la foulée de divers moyens de pression adoptés par différentes organisations syndicales du secteur public qui se déploieront dans les prochains jours. La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) annonçait le 9 mai des «actions de visibilité et des moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève» pour les employés d’une vingtaine de commissions scolaires et centres de services scolaires, dont celui de Laval.
Cité dans les médias début mai, le premier ministre François Legault disait souhaiter arriver à une entente «d’ici deux à trois semaines».