De retour précipité d’un voyage en Nouvelle-Zélande, la conseillère municipale de Sainte-Rose et membre du comité exécutif, Virginie Dufour, s’est mise en quarantaine, ce mercredi 18 mars.
«Il faut être responsable et respecter les consignes compte tenu de la haute contagion de ce virus», explique celle qui est confinée à son domicile pour les 14 prochains jours.
Mme Dufour n’a pas subi de test de dépistage parce qu’elle ne présentait pas les symptômes de la COVID-19.
«Je ne fais pas de fièvre, mais la gorge me pique un peu. Il faut dire que je n’ai pas dormi depuis trois jours, ça peut expliquer.»
Pour la durée de son confinement volontaire, l’élue municipale devra prendre sa température deux fois par jour et tenir un registre. Si tout va bien, elle retrouvera sa liberté le 1er avril.
«Je n’ai pas vu mes filles depuis deux semaines et je ne les verrai pas d’ici les deux prochaines semaines, se désole-t-elle. Je pense à des jeux en vidéo conférence, peut-être à leur lire des histoires par téléphone. Je me creuse les méninges pour voir comment je pourrais passer du temps avec elles sans être physiquement en leur présence.»
Télétravail
Professionnellement parlant, par rapport à ses collègues du conseil municipal, la conseillère responsable des dossiers liés à l’environnement et à l’urbanisme n’est pas en reste, la Ville ayant déjà pris le virage du télétravail pour ne pas exposer ses employés et élus à la contamination du coronavirus.
Elle pourra ainsi s’acquitter de ses responsabilités et assister aux présentations et réunions en ligne, mais devra toutefois faire son deuil des rencontres citoyennes d’ici la fin du mois.
Pour garder la forme et le moral, loin de ses enfants de 8 et 10 ans et de son nouveau conjoint avec qui elle doit emménager sous peu, Virginie Dufour entend notamment passer du temps sur l’elliptique et son vélo monté sur un support d’entraînement. Elle souhaiterait aussi aller courir à l’extérieur, mais la distanciation sociale de deux mètres en ces temps difficiles pose problème, alors que les gens du voisinage ont tendance à aller à sa rencontre lorsqu’ils la croisent.
Message du ministre
Partie le 3 mars avec son père pour un roadtrip en Nouvelle-Zélande, Virginie Dufour devait normalement revenir au pays ce vendredi 20 mars.
Mais leur itinéraire de voyage prend une tournure inattendue au moment d’embarquer sur le traversier qui les ramenait sur l’Île du Sud, le dimanche 15 mars.
«On apprend que le ministre [François-Philippe] Champagne demande aux voyageurs canadiens de revenir le plus rapidement possible», relate l’élue de Sainte-Rose.
Incapable de rejoindre Air Canada, le tandem père-fille décide de poursuivre son périple jusqu’à ce qu’un contact de l’extérieur fasse valoir par texto l’urgence de la situation.
«J’appelle alors le Haut-commissariat du Canada en Nouvelle-Zélande, qui me transfère à Affaires mondiales Canada, à Ottawa. La dame au téléphone me dit « écoutez, il n’y a rien d’officiel, mais si j’étais vous je ferais vraiment tout pour revenir avant mardi minuit ».»
Course folle
C’est le début d’une course folle.
Huit heures de route en montagne pour rallier la ville de Christchurch.
Chemin faisant, on tente désespérément de réserver des vols avec l’aide du conjoint de Mme Dufour qui, depuis Laval, multiplie les démarches.
Dans l’intervalle, la première ministre du pays, Jacinda Ardern, décrète une série de mesures contraignantes pour limiter la propagation du coronavirus qui gagne le pays, rendant invisibles les chauffeurs de taxi et d’Uber. C’est finalement le propriétaire de l’agence de location – où ils retournent leur véhicule – qui les conduira in extremis à l’aéroport de Christchurch où un vol intérieur les ramènera à Auckland.
Delà, les Dufour s’envoleront le mardi 17 mars sur le coup de 19h45, heure de la Nouvelle-Zélande, en direction de San Francisco, puis atteindront Vancouver à 19h07 précises en cette interminable journée du 17 mars en raison d’un décalage horaire de 18 heures.
Soixante heures plus tard, un peu passé 7h mercredi matin, leur avion se posait finalement sur le tarmac de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau.
«Je me considère extrêmement chanceuse», de terminer Virginie Dufour avec une pensée pour tous ces Québécois et Canadiens qui tentent de rentrer de l’étranger.