En fin de journée, l’ex-premier ministre Bernard Landry, qui a prononcé un vibrant témoignage pour l’indépendance, a rappelé que le Québec avait «le devoir d’accueillir les immigrants» comme il l’a toujours fait.
«Le Québec n’est pas une race, c’est une nation profondément multiethnique, a-t-il lancé en évoquant le métissage avec les Amérindiens, il y a plus de 400 ans. Il faut intégrer nos frères et sœurs issus de l’immigration.»
Du même souffle, M. Landry a identifié Ottawa comme «l’ennemi principal» de cette démarche d’ouverture et d’accueil.
Perversité trudeauiste
Bernard Landry en tient pour responsable l’ex-premier ministre Pierre-Elliott Trudeau et son multiculturalisme qu’il a imposé au Québec en l’enchâssant dans la Charte canadienne des droits et libertés en 1982.
«C’est une perversité trudeauiste qui était destinée d’abord à édulcorer le peuple et la nation québécoise», a dénoncé Bernard Landry en parlant de cette politique canadienne du multiculturalisme, initialement adoptée en 1971.
«Oui à l’immigration, mais non au multiculturalisme, dont les premières victimes sont les immigrants. Quand on change de pays, on s’intègre […] Ne pas parler français au Québec, c’est courir à la catastrophe», a-t-il aussitôt enchaîné.
Pour l’interculturalisme
Plus tôt en matinée, le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration et de communautés culturelles et responsable de la Charte de la langue française, Maka Kotto, avait donné le ton à la journée en torpillant le projet de loi 77 portant sur la Loi sur l’immigration au Québec, adopté le 6 avril.
À ses yeux, cette réforme repose uniquement sur une question d’«arrimage entre les immigrants et les besoins en main-d’oeuvre dans le marché du travail québécois», laissant pour seul modèle de référence d’intégration le multiculturalisme canadien en vigueur depuis 45 ans.
«Le multiculturalisme génère de l’exclusion, voire de l’auto-exclusion, du rejet, de l’abandon, de la marginalisation, de la discrimination même exacerbée, de la stigmatisation», a-t-il déploré, tout en plaidant l’importance d’aborder les relations interculturelles en termes d’interculturalisme au Québec.
Clé d’une intégration réussie
Pour Maka Kotto, le français demeure la clé d’une intégration réussie en sol québécois et, en ce sens, il était essentiel que l’article 1 du projet de loi 77 rappelle que «la culture québécoise de tradition française constitue la culture commune et le foyer de convergence des traditions culturelles des minorités ethniques présentes au Québec», dit-il en évoquant le texte d’un amendement du Parti québécois qui fut rejeté.
Le député de Bourget a insisté pour dire que la présente refonte de la législation doit favoriser une immigration en phase avec le développement économique, social et culturel du Québec et que l’intégration des 50 000 nouveaux arrivants, que la province accueille chaque année en provenance de 185 pays à travers le monde, doit se faire dans la seule langue officielle au Québec, le français.