Selon les chiffres compilés par Alain Meilleur, inspecteur aux crimes majeurs de la Police de Laval, et son équipe, 33 des 127 fugueuses, dont plusieurs ont réussi la chose à plus d’une reprise, ont été prises en charge par un proxénète pour se prostituer durant leur escapade.
«Les recruteurs ont raffiné leurs techniques, de prévenir M. Meilleur, qui confirme que les signalements ont doublé depuis 2010, alors qu’à l’époque, on parlait de 398 cas et qu’en 2015, on en rapportait 734. La communication se fait principalement par les médias sociaux, mais il ne faut pas négliger les amies qui rendent l’affaire tentante et déclenche un effet domino.»
Les pimps n’ont plus à attendre comme des loups aux dents longues à la porte des centres jeunesse, après avoir loué un logement non loin de là, pour exploiter la faille maîtresse de chaque jeune fille vulnérable, que ce soit le manque d’amour ou d’attention, l’attrait de l’argent ou la simple recherche de liberté. Un simple texto ou message envoyé sur Facebook suffit.
Souvent retracées à l’aide d’annonces d’escortes trouvées sur Internet, la plupart des filles rencontrées par les sergents-détectives racontent d’elles-mêmes une expérience semblable, en résumant la façon dont elles ont été approchées.
Ne pas banaliser
Pour Alain Meilleur, l’exploitation sexuelle des fugueuses est un phénomène émergent qui existe depuis plusieurs années. Sa sortie publique s’inscrit dans un besoin urgent de sensibiliser la population à cette réalité pour la prévenir au mieux.
«Il faut arrêter de banaliser l’hypersexualisation, prévient-il. Nos adolescentes se font exploiter! La grande majorité demeure ici dans les environs, autour de Montréal, Laval. D’autres sont emmenées en Ontario et dans l’Ouest canadien, à Toronto, Calgary, Winnipeg. Les proxénètes les utilisent pour se payer du luxe.»