Le patriarche a présidé une messe solennelle en l’église Saint-Ephrem, dimanche dernier. La veille, un banquet était offert en son honneur au Centre communautaire syriaque. Ces deux événements se sont déroulés en présence de représentants du corps diplomatique, du représentant du premier ministre du Québec et d’autres dignitaires politiques municipaux, provinciaux et fédéraux.
Outre les fidèles lavallois et montréalais, le patriarche a rencontré le cardinal Jean-Claude Turcotte et l’archevêque de Toronto, Thomas Collins, lors de son séjour au Canada. «Nous sommes fiers et très reconnaissants que nous soyons au Québec basés sur la foi catholique et la culture de la tolérance vis-à-vis de tous. Nous apprécions ces valeurs, car nous avons été privés de ces droits de l’homme au Moyen-Orient», précise-t-il.
Le patriarche connaît bien le Canada et les États-Unis. D’ailleurs, il était missionnaire durant les 23 dernières années à New York. Il n’en était pas à sa première présence en sol lavallois. Au cours des sept dernières années, il a rendu visite aux fidèles, chaque mois, comme évêque.
Deux paroisses à Laval
Laval compte deux paroisses syriaques catholiques: Saint-Ephrem (père Khalid Karomi et père Fadi Atallah) et Notre-Dame-de-l’Assomption (père Richard Daher). «Notre Église est ouverte à tout le monde. Notre liturgie est traduite. Le trésor spirituel doit être partagé avec tous», insiste le patriarche. «D’ailleurs, une messe exclusivement en français compte des fidèles Québécois d’origine. Ils préfèrent cette messe en français», enchaîne-t-il.
Le message d’Ignace Youssef III Younan en est un d’espoir. «Nous sommes tous sur terre pour un pèlerinage vers le Père [Dieu]. Nous avons pleine confiance en le Père céleste.»
Selon le patriarche, la foi est un trésor que nous devons défendre. «Nous remercions le Bon Dieu de nous avoir donné cette grâce. La foi est une perle précieuse. Il faut la chérir et l’exposer aux autres afin d’en jouir. Notre patron Saint-Ephrem a un beau poème sur la perle qui a été perdue et retrouvée dans un champ.»
Propos controversés du pape
À peine remis du scandale de la fillette brésilienne (dont l’avortement à la suite du viol commis par son beau-père a mené à l’excommunication de sa mère et de l’équipe médicale), le pape Benoît XVI a été replongé dans la controverse à l’occasion de son voyage en Afrique. Il a affirmé que les préservatifs contribuaient à propager le sida.
«Comme Père d’Église, mon point de vue doit être celui du Saint-Père concernant les préservatifs. Il n’a pas dit que ceux qui les utilisent sont des pêcheurs à condamner. Les préservatifs ne sont pas bien utilisés en Afrique. Le pape avait le souci des âmes et des Africains, afin qu’ils puissent vivre leur foi par une abstinence basée sur la morale», indique-t-il. «Pour la jeune fillette, nous sommes pro-vie. On ne peut pas accepter l’avortement, car c’est contre la vie. Nous devrons supporter la fillette pour qu’elle reprenne confiance au Seigneur et l’espoir dans la vie.»
Un grand défi
«Notre Église est dispersée partout dans le monde. Elle doit faire face à beaucoup de défis au Moyen-Orient, soit de sécurité, de persécution et d’indifférence concernant les droits de l’Homme», souligne le patriarche. «Il faut avoir confiance en notre Église et essayer de la regrouper via les évêques. Si Dieu le permet, un synode général avec toute la communauté aura lieu, qui réunira clergé, laïques, religieuses, religieux, pour affronter l’avenir et avoir une vision pleine d’espérance pour notre mission d’Église», conclut-il.
Élu par le Synode des évêques au Vatican le 20 janvier dernier, Ignace Youssef III Younan a été intronisé au Liban le 15 février. Il parle couramment l’arabe, le français, l’anglais, l’italien, l’allemand et l’araméen.