Un déménagement qui était devenu nécessaire vu l’expansion que connaît le Laboratoire de contrôle du dopage, le seul accrédité par l’Agence mondiale antidopage (AMA) au Canada. «Parmi les 33 laboratoires accrédités à travers le monde, nous nous classons deuxièmes en terme de volume d’activités», souligne celle qui dirige les destinées de cette vénérable institution depuis 17 ans.
Expertise unique
Bon an mal an, les «abeilles industrieuses» de son laboratoire, comme elle les surnomme, traitent 15 000 échantillons par année, soit une moyenne supérieure à 1200 tests mensuels.
Cherchant à détecter la présence dans l’urine d’un ou plusieurs des 400 médicaments et produits dopants interdits, chaque test nécessite plusieurs procédures, ce qui résulte en une gestion annuelle de plus de 30 000 flacons et 100 000 éprouvettes.
L’expertise développée par Christiane Ayotte n’a plus de frontière, tant et si bien que 80 % des échantillons d’urine analysés à son laboratoire proviennent des fédérations sportives étrangères et des circuits professionnels nord-américains. «Depuis 2004, on a doublé nos activités», mentionne-t-elle. Cette expansion, elle la doit notamment aux mandats que lui ont confiés la Major League Baseball (MLB), la National Basketball Association (NBA) et la Ligue nationale de Hockey (LNH), dont le programme antidopage expose tous leurs athlètes à plusieurs contrôles annuels. Voilà qui en dit long sur la réputation du Dr Ayotte et de son équipe, alors que les États-Unis disposent de deux laboratoires dûment accrédités par l’AMA. L’Association de tennis professionnel (ATP) expédie également au Laboratoire de l’INRS-IAF les échantillons recueillis durant tous ses tournois, incluant les épreuves du Grand Chelem.
La directrice du laboratoire déplore, au passage, que la Ligue canadienne de football (LCF) tarde à emboîter le pas. «Fort probablement la dernière organisation sportive professionnelle au monde à ne pas avoir mis en place un programme de dépistage», dénonce-t-elle, rappelant de nombreux cas de contrôle positif dans les ligues de football collégial et universitaire.
Très portée sur l’éducation et la sensibilisation des jeunes face aux dangers pour la santé que représente le dopage sportif, Christiane Ayotte a mis son savoir-faire au service de la Gendarmerie royale canadienne (GRC). Une collaboration qui a permis la mise en place de programmes de dépistage dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec et les circuits de hockey et de baseball AAA.
Revenus de 3 M$
Mine de rien, les mandats professionnels que réalise le Laboratoire de contrôle du dopage génère des revenus annuels de trois millions de dollars.
Ces recettes permettent non seulement de financer ses travaux de recherche et de renouveler aux cinq ans son parc d’instruments, mais elles profitent aussi largement aux autres chercheurs de l’INRS, puisque 20 % des sommes découlant des contrats de service est versé au fonds consolidé de l’Institut national de la recherche scientifique.
Cela dit, l’équipe du Dr Ayotte bénéficie chaque année du fonds de recherche de l’AMA. «Nos contributions en recherche sont bien connues, rappelle la principale intéressée. On recueille aujourd’hui les fruits d’un travail et des investissements qui se sont maintenus au fil des 30 dernières années». Soulignons qu’en 1976, l’INRS a été parmi les premiers laboratoires accrédités par le milieu sportif et que le Comité international olympique (CIO) et, depuis 2004, l’Agence mondiale antidopage (AMA) ont toujours reconduit son accréditation.
Dr Ayotte salue d’ailleurs la compétence de son équipe formée de 25 chercheurs et techniciens à temps plein. En été, les stagiaires en provenance des cégeps et des universités viennent gonfler les effectifs, contribuant à la fois aux procédures d’analyse sanguine et aux projets de recherche et développement en cours. «Ce qui est génial de travailler en milieu universitaire, c’est l’accès à du personnel de qualité au niveau de la maîtrise et du doctorat».
Fichier: Christiane Ayotte