Une étude d’une équipe de recherche de l’École de psychologie de l’Université Laval a démontré que certaines caractéristiques psychologiques des jeunes joueurs de hockey pourraient être révélatrices de leur futur potentiel.
La recherche publiée dans le Journal of Sports Sciences remarque ce potentiel particulièrement chez les jeunes dont le talent sur la glace n’a pas encore pleinement émergé et qui peuvent être les grands oubliés des repêchages annuels.
En effet, les capacités d’autorégulation et le balayage visuel lors du visionnement de séquences vidéo permettraient de classer correctement 84% des jeunes repêchés tardivement dans le junior majeur qui deviendront ou non des joueurs d’impact dans leur équipe.
«En théorie, on pourrait donc identifier une forte proportion des talents latents chez les jeunes joueurs de 15-16 ans à partir de tests qui mesurent ces variables psychologiques », précise le postdoctorant Daniel Fortin-Guichard, l’un des membres de l’équipe de recherche, par communiqué.
Tests
Pour arriver à ce constat, l’équipe de recherche a rencontré 95 joueurs de hockey âgés de 15 ou 16 ans avec l’équipe de recruteurs des Remparts de Québec en 2019. L’exercice a été effectué quelques semaines avant la séance de repêchage de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
Le groupe les a soumis à des tests mesurant des caractéristiques psychologiques qui influencent les pensées, les émotions et les comportements. Les joueurs devaient aussi visionner et analyser des vidéos de jeu pour mesurer leur capacité d’anticipation, leur prise de décision et leur processus attentionnel, soit les mouvements des yeux.
«L’une de ces variables était la capacité d’autorégulation des apprentissages, soit la capacité à tirer le maximum des enseignements qui nous sont offerts en prenant le contrôle de nos propres apprentissages », poursuit M. Fortin-Guichard.
Parmi les 95 joueurs évalués, 70 ont été repêchés après la deuxième ronde, ce qui «laisse entendre que les recruteurs ne les considéraient pas parmi l’élite de leur cohorte», souligne le postdoctorant.
Résultats
Trois ans plus tard, l’équipe a rencontré les recruteurs des Remparts de Québec de nouveau pour déterminer quels de ces 70 joueurs ils sélectionneraient dans leur équipe s’ils en avaient à nouveau la chance à partir de leurs performances dans la Ligue. Les recruteurs en ont identifié 15.
«Quand ces joueurs avaient 15 ou 16 ans, les recruteurs de toutes les équipes n’avaient pas été en mesure de les prioriser au repêchage en se fiant à leurs performances sur la glace. Leur talent était latent», explique Daniel Fortin-Guichard.
L’équipe de recherche a analysé les données psychologiques récoltées en 2019 pour trouver des indices révélateurs du potentiel qui sommeillait en ces joueurs. Elle a déterminé qu’ils avaient un score d’autorégulation plus élevé que les autres, et que leur stratégie de balayage visuel des images vidéo était plus dynamique.
«Ils allaient chercher de l’information dans plus de parties de l’image en arrêtant leur regard moins souvent, c’est-à-dire qu’ils faisaient une seule prise d’information par élément important tout en regardant chaque élément important», explique le chercheur.
Pour ce qui est de l’utilité de ces variables dans le repêchage de la Ligue nationale de hockey, Daniel Fortin-Guichard indique la probabilité que les variables de prédiction diffèrent pour des joueurs de 18 ans par rapport à des jeunes de 15 ou 16 ans.
«Par contre, la même méthode pourrait être appliquée en étudiant des jeunes de 18 ans pour déceler quelles variables seraient les meilleurs prédicteurs de leurs performances futures », croit-il. (N.P.)