Un peu moins de six mois après avoir vu sa proposition battue une première fois par le parti au pouvoir, le conseiller municipal de Saint-Bruno, David De Cotis, est revenu à la charge à la séance du conseil de février afin que le Bureau de projet de la ligne rose, à Montréal, étudie la possibilité de se rendre à Saint-Vincent-de-Paul par-delà la rivière des Prairies.
Sans surprise, la nouvelle résolution qui, en fait, était un copier-coller de la précédente allait connaître le même sort, non sans avoir préalablement été débattue pendant 30 longues minutes.
Le critique de l’opposition en matière de transport a justifié sa seconde demande par l’ouverture manifestée en début d’année par la nouvelle ministre fédérale de l’Infrastructure et des Collectivités, Catherine McKenna, à contribuer à financer le développement du transport collectif dans la région de Montréal.
Les pour
«On peux-tu rêver à coût zéro», a lancé le conseiller municipal de Saint-Vincent-de-Paul, Paolo Galati, précisant que ce projet ne verrait probablement pas le jour avant 30 ou 40 ans d’ici.
Quant au chef de l’opposition officielle, Michel Trottier, il a rejeté l’argument du maire Demers à l’effet qu’une telle motion compromettrait l’ajout d’un mode de transport lourd que réclame son administration dans le secteur de Chomedey.
«On vient juste proposer d’avoir une analyse pour un mode structurant dans l’est de Laval, a-t-il expliqué en rappelant que le secteur est plutôt mal desservi côté transport collectif. Ça ne nous engage à rien. Le but, c’est de semer quelque chose.»
L’amendement du conseiller Claude Larochelle – accepté par le proposeur – remplaçant les mots «station de métro» par «moyen de transport structurant» dans le libellé de la proposition initiale n’a eu aucun effet sur le résultat du vote.
Les contre
Pour sa part, le maire Marc Demers a démenti les deux oppositions qui martèlent qu’il «ne coûte rien» de demander d’inclure Laval dans l’étude de la ligne rose actuellement en cours. «Juste l’étude pour le prolongement de la ligne bleue a coûté 60 M$ à l’AMT, a-t-il dit en évoquant la défunte Agence métropolitaine de Transport aujourd’hui remplacée par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Il est bien naïf de penser que la Ville de Montréal paierait pour étudier un éventuel prolongement de la ligne rose à Laval sans charger les Lavallois.»
Toujours selon le maire, la demande de M. De Cotis est incompatible avec le consensus dégagé lors du Forum sur la mobilité qui avait réuni 19 maires des régions de Laval et des Basses-Laurentides au printemps 2018. «Par solidarité, il va falloir maintenir ce consensus-là», a fait valoir M. Demers en parlant de la vision du développement d’un réseau de transport intégré et des priorités soumises au gouvernement Legault visant à réduire la congestion pour les prochaines années.
Renchérissant, le conseiller de Saint-François et président de la Société de transport de Laval (STL), Éric Morasse, a identifié le projet intégré de service rapide par bus (SRB) en chantier sur le boulevard Pie-IX comme un «projet structurant aussi rapide qu’un métro à 6 milliards». À cet égard, il a parlé d’«un investissement de 300 M$ qui va permettre aux gens de Saint-Vincent-de-Paul d’arriver au centre-ville [de Montréal] en 35-40 minutes.» Selon l’échéancier, le SRB-Pie-IX devrait relier le boulevard Saint-Martin à la station de métro Pie-IX dès l’automne 2022.
À l’issue des échanges, la motion a été battue à 11 voix contre 6, un score identique a celui enregistré lors du vote pris à la séance du conseil municipal du 13 août 2019.