Seize mois plus tard, le maire de Laval obtient gain de cause: les cotes d’inondation des rivières des Mille Îles et des Prairies sont rétablies à leur niveau de 1995.
Le ministère des Affaires municipales vient d’approuver la mise à jour des cartes de crues et de la réglementation des usages, adoptée par la MRC de Laval en décembre dernier.
La nouvelle cartographie a ainsi pour effet de soustraire des zones réputées fréquemment inondables plus de 700 terrains, lesquels réintègrent la zone de récurrence centenaire.
«C’est énorme comme gain», se réjoui M. Demers, en évoquant ces centaines de familles qui retrouvent «la pleine jouissance de leur propriété».
Tour de force
Ville de Laval a réussi le tour de force de faire reconnaître la présence des structures du barrage du Grand-Moulin et du pont ferroviaire, situé tout juste en amont, à l’exutoire du lac des Deux-Montagnes vers la rivière des Mille Îles.
Jusque-là, pour établir ses cotes de crues, le gouvernement n’avait jamais pris en compte l’existence de ces ouvrages, dont les piliers et culées empiètent pourtant de façon significative dans le lit mineur de la rivière.
«Dans notre étude, on en tient compte et le Ministère l’a retenue», explique en entrevue au Courrier Laval Denis Fafard, haut fonctionnaire affecté à la Direction générale adjointe au développement durable à Ville de Laval.
En clair, il a été prouvé que par leur seule présence physique, ces structures permettaient de réduire de 10 % le débit d’eau dans la rivière en aval du barrage.
Voilà la clef de voûte de l’étude menée ces dernières années par Pierre Dupuis, de la firme de génie WSP, dont la démarche scientifique avait été validée par Michel Leclerc, ingénieur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) au campus Eau-Terre-Environnement.
Au final, l’étude aura coûté un peu plus d’un million de dollars à la Ville de Laval qui, depuis 2005, contestait la nouvelle cartographie adoptée par Québec.
Prochaine étape
Fort de cette victoire, le maire Demers s’apprête maintenant à entamer une seconde ronde de négociations avec le gouvernement, visant cette fois des allègements à la réglementation des usages permis dans la zone de crues à récurrence 0-20 ans.
«Ce n’est pas un exercice simple», reconnaît d’emblée le maire Demers, qui implique dans la démarche les six députés de la région.
Il faut rappeler qu’en 2005, les cartes de crues révisées par le Centre d’expertise hydrique du Québec venaient avec une nouvelle Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables, réduisant grandement les droits dans la zone de grand courant.
Une Politique qui, depuis le décret de 2013, fait force de loi à Laval comme à la grandeur de la province.
Ainsi, les quelque 400 propriétaires dont le terrain demeure toujours en zone vingtenaire – comme c’était le cas avant 2013 – se voient interdire, entre autres, l’agrandissement de leur résidence, l’ajout d’un cabanon, d’un garage et, dans le cas d’un terrain vacant, la construction d’une résidence (voir autre texte).